Les chefs chrétiens de Terre Sainte appellent au retour des pèlerins
Se réjouissant du cessez-le-feu à Gaza, qui vise à mettre fin aux hostilités, à rendre les otages israéliens et à libérer les prisonniers palestiniens, les responsables catholiques de Terre Sainte attendent également avec impatience le retour des pèlerins en Terre Sainte. Les familles chrétiennes, qui vivent essentiellement des retombées du tourisme religieux, sont pour la plupart sans revenus.
«Les Lieux saints sont censés être des lieux de prière et de paix, et nous attendons avec impatience le jour où les pèlerins pourront à nouveau les visiter en toute sécurité et dans la joie spirituelle», écrivent les Ordinaires catholiques de Terre sainte.
«Redonner l’espérance à nos familles chrétiennes»
«Mon invitation, avec le Custode, est de revenir, en cette année jubilaire consacrée à l’espérance, à justement la source de cette espérance, l’espérance qu’est la rencontre avec le Christ ressuscité – et aussi de redonner l’espérance à nos familles chrétiennes. Revenez, nous vous attendons avec joie et impatience», écrivent à leur tour le cardinal Pierbattista Pizzaballa, Patriarche latin de Jérusalem, et le Frère Francesco Patton, Custode de Terre Sainte.
Dans leur appel commun aux pèlerins du monde entier, ils leur demandent de revenir voyager vers les Lieux Saints en cette Année Jubilaire 2025. «Venir en pèlerinage est absolument sûr. Il n’y a aucun danger. Il est temps de lever les yeux et de retourner à Jérusalem pour apporter de la joie aux nombreuses familles chrétiennes qui attendent avec anxiété le retour des pèlerins».
Les effets de la guerre se font sentir dans toute la région
Malgré le fait que les combats ont surtout dévasté Gaza, les effets de la guerre se font sentir dans toute la région. Les chrétiens, qui sont une minorité mais qui constituent toujours une communauté importante – environ 37’000 chrétiens palestiniens vivent dans les villes de Cisjordanie, dont Bethléem et Ramallah et 10’000 à Jérusalem-Est – sont touchés de manière très directe. Ils sont confrontés pour la troisième fois au moins en l’espace de deux décennies à de très graves difficultés économiques et à l’enfermement derrière des barrages militaires qui empêchent pratiquement tout déplacement.
En Cisjordanie, les chrétiens ne peuvent plus aller travailler et perdent leur emploi. A cause de la guerre, tous les checkpoints sont fermés et de nombreux autres ont été installés. Le tourisme dans les Lieux saints s’est complètement arrêté en Cisjordanie, tout comme à Jérusalem-Est. Les familles ne peuvent plus payer leur loyer. Toutes les activités de pèlerinage ont aussi été interrompues, entraînant une perte totale de revenus pour les familles chrétiennes qui vivent principalement du tourisme religieux. Elles ont besoin d’un soutien d’urgence pour éviter un exode.
La présence des pèlerins, l’autre poumon de l’Église de Terre Sainte
«Nous sommes, semble-t-il, au début d’une nouvelle période. La trêve a commencé, il y a eu un cessez-le-feu, et nous en sommes très reconnaissants. C’est l’occasion de remercier toute l’Église universelle, qui a été très proche de nous au cours de cette année et qui nous a beaucoup aidés et soutenus par la prière, mais aussi matériellement», lit-on dans le message du Patriarche latin et du Custode de Terre Sainte.
«Désormais, il est temps de continuer à aider et à soutenir cette Église en reprenant les pèlerinages, en retournant à Jérusalem, en retournant en Terre Sainte pour visiter les lieux saints, et pour ainsi faire revivre l’autre poumon de cette Église qu’est la présence des pèlerins».
Une confiance mortellement blessée entre Palestiniens et Israéliens
«Nous sommes dans l’année de l’espérance, le Jubilé étant un signe d’espérance. Or l’espérance a aussi besoin d’actions concrètes – et ce n’est que la première étape, qui devra être suivie de beaucoup d’autres. Après la guerre, nous devons penser à la reconstruction. La reconstruction matérielle sera très compliquée et prendra beaucoup de temps. Mais il y a aussi la reconstruction des relations qui ont été détruites, de la confiance qui a été profondément blessée, voire mortellement blessée, entre Palestiniens et Israéliens. Sans parler des déchirements au sein même des populations respectives, divisées sur le conflit et la manière d’y faire face. Tout cela prendra du temps. Nous ne devons pas oublier la dignité et la vérité dans nos relations. Les délais seront très longs, il ne faut pas se bercer d’illusions, mais il faut s’y mettre dès maintenant!»
Pour le Frère Francesco Patton, cette année est une année spéciale, une année jubilaire, et le Saint-Sépulcre est l’un des trois sanctuaires jubilaires indiqués pour la Terre Sainte par le Saint-Père, avec Nazareth et Bethléem. «L’invitation aujourd’hui est donc d’être des pèlerins d’espoir, et de venir en Terre Sainte en tant que pèlerins pour non seulement revenir aux racines de notre foi, mais aussi pour exprimer de manière très concrète notre proximité avec la petite communauté chrétienne de Terre Sainte. (…) Lorsque vous venez en Terre Sainte en tant que pèlerins, vous donnez en même temps à notre peuple la possibilité de vivre dignement de son travail. Revenez, nous vous attendons avec joie et impatience. Nous avons besoin de vous !» (cath.ch/ts/be)