Les cardinaux: «Des évangélisateurs évangélisés», lance le pape
Être «des évangélisateurs évangélisés, non pas des fonctionnaires». C’est la mission qu’a confiée le pape François aux 21 nouveaux cardinaux – dont un Suisse, Emil Paul Tscherrig – qu’il a créés lors d’un consistoire ce 30 septembre 2023.
Environ 12’000 fidèles étaient présents sur la place Saint-Pierre lors du consistoire. À la veille du Synode sur l’avenir de l’Église, le pape a souligné que la Pentecôte n’était pas un événement du passé, mais qu’elle se renouvelait continuellement. Sous le soleil qui baignait la place Saint-Pierre fleurie, le pape a médité sur le récit de la Pentecôte, s’arrêtant sur la mention des «Parthes, Mèdes et Élamites», une «longue liste de peuples» qu’il a comparée aux cardinaux «originaires de toutes les parties du monde, des nations les plus diverses».
Soulignant «l’humour de l’Esprit Saint», le pontife a invité les 21 nouveaux cardinaux, dont 18 électeurs en cas de conclave, à s’identifier «non pas aux apôtres» mais à cette «foule de toutes les nations sous le ciel». Il s’agit par cet exercice de «redécouvrir avec étonnement le don d’avoir reçu l’Évangile dans nos langues, […] dans nos peuples d’origine respectifs», a-t-il souligné.
«Je pense que cela est très important et qu’il ne faut pas l’oublier», a insisté le pape, évoquant «l’Église mère qui parle dans toutes les langues, qui est une et qui est catholique». Et le pape de lancer: «La Pentecôte […] n’appartient pas au passé, c’est un acte créateur que Dieu renouvelle continuellement».
L’Église «ne vit pas de rente, encore moins d’un patrimoine archéologique aussi précieux et noble soit-il», a poursuivi le pontife, estimant que «nous sommes […] des évangélisateurs dans la mesure où nous gardons dans notre cœur l’émerveillement et la gratitude d’avoir été évangélisés». Ou plutôt, a-t-il précisé, la gratitude «d’être évangélisés, parce qu’en réalité il s’agit d’un don toujours actuel».
Enfin, à la veille de l’ouverture du Synode sur l’avenir de l’Église à Rome (4-29 octobre), le 266e pape a comparé le Collège cardinalice – qui compte désormais 137 électeurs – à «un orchestre symphonique représentant la symphonie et la synodalité de l’Église». «La diversité est nécessaire, elle est indispensable», a-t-il appuyé en recommandant «l’écoute mutuelle» pour «concourir au dessein commun».
Les paroisses romaines des deux cardinaux français
Après cette homélie, le pape a nommé chacun des 21 nouveaux cardinaux, qui se sont levés l’un après l’autre, applaudis par les délégations venues de leur pays, dans la foule où les Corses se sont fait particulièrement entendre.
Les nouveaux cardinaux, dont le Suisse Emil Paul Tscherrig, ont ensuite récité le Credo avant de promettre obéissance et fidélité au Souverain pontife et à ses successeurs. Ensuite, ils se sont agenouillés à tour de rôle devant le pape qui leur a remis la barrette rouge – couvre-chef de forme carrée –, l’anneau cardinalice et leur titre cardinalice, diaconal ou presbytéral, enroulé dans un parchemin.

Le cardinal Christophe Pierre a été affecté à la diaconie de la paroisse San Benedetto fuori Porta San Paolo, et le cardinal François Bustillo a reçu le titre de la paroisse Santa Maria Immacolata di Lourdes a Boccea.
Après ce geste, les cardinaux ont échangé une accolade et quelques mots avec le pape. «Va de l’avant, courage!», a notamment exhorté celui-ci en saluant le cardinal Pierbattista Pizzaballa, patriarche latin de Jérusalem.
La célébration s’est tenue en l’absence du nouveau cardinal argentin Luis Pascual Dri, 96 ans, qui n’a pas fait le voyage depuis Buenos Aires en raison de son état de santé. Ce simple prêtre confesseur capucin recevra la barrette et l’anneau cardinalices ultérieurement lors d’une cérémonie organisée dans son pays d’origine, mais il est néanmoins devenu pleinement cardinal, canoniquement, dès que le pape a prononcé son nom sur la place Saint-Pierre.
Un consistoire célébré dans la perspective du Synode
Dans son discours de remerciement au début de la célébration, le nouveau cardinal américain Robert Francis Prevost, préfet du dicastère pour les Évêques, a situé ce consistoire dans la perspective du Synode, «qui sera un signe très important, qui saura parler de la mission que nous tous, baptisés, avons reçu, dans la communion avec le successeur de Pierre et dans la profession de la même foi».
Il a espéré que l’Église se mette dans la filiation de saint François d’Assise, «qui a écouté la voix de Dieu, la voix des pauvres, la voix des malades, la voix de la nature». «Être une Église synodale qui sait écouter tout le monde est le chemin non seulement pour vivre personnellement la foi, mais aussi pour grandir dans la vraie fraternité chrétienne», a-t-il insisté.
Parmi les personnalités présentes figuraient le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, ainsi que l’ancien président du Conseil italien Romano Prodi. Les chefs d’Église présents à Rome pour la veillée œcuménique de ce soir, parmi lesquels le patriarche de Constantinople Bartholomée Ier, ont également assisté au consistoire.
Après la cérémonie, les fidèles pourront saluer les nouveaux cardinaux lors des traditionnelles ‘visites de chaleur’ dans le palais apostolique. (cath.ch/imedia/ak/cv/bh)