Ursina Albrecht soutient des personnes réfugiées à Brunnen (SZ) | © Vera Rüttimann
Suisse

Les bénévoles qui aident les réfugiés «reçoivent beaucoup en retour»

Ursina Albrecht est engagée auprès des personnes migrantes à Brunnen, dans le canton de Schwytz. Elle leur donne notamment des cours de soutien. Coup d’œil sur son activité et l’immense bénéfice humain qu’elle en retire.

Vera Rüttimann, kath.ch/traduction et adaptation: Raphaël Zbinden

C’est le soir que l’école Leewasser, à Brunnen, devient un lieu d’apprentissage pour des personnes réfugiées. Y viennent des jeunes femmes et des jeunes hommes qui ont fui l’Erythrée, l’Afghanistan ou encore la Syrie pour la Suisse. Ils reçoivent un soutien scolaire approfondi de la part de bénévoles et suivent l’enseignement scolaire normal dans un autre établissement.

Cours d’allemand, impôts, papiers administratifs

Ce soir-là, cinq étudiants et cinq accompagnateurs se sont retrouvés à 19 heures devant l’école. De deux à quatre accompagnateurs, sur les douze engagés, viennent généralement chaque soir pour deux heures de cours. Ursina Albrecht fait partie des bénévoles de la soirée.

Les étudiants s’assoient sur les bancs et ouvrent leurs documents. Les bénévoles se mettent tout d’abord à l’écoute de leurs questions. Les uns souhaitent un soutien pour les devoirs d’allemand. D’autres ont besoin d’aide pour remplir des demandes, leur déclaration de revenus ou pour rédiger leur travail d’approfondissement. Quelqu’un ne comprend pas sa facture d’électricité. Une autre personne reçoit des conseils sur la manière d’utiliser correctement un ordinateur. Parfois, les jeunes hommes et femmes ont tout simplement besoin d’un encouragement spirituel.

Réaction à la vague de réfugiés

L’initiative d’aide aux réfugiés est née lors de la grande vague de migration de 2015, également ressentie en Suisse centrale. Davantage de personnes originaires de Syrie, d’Érythrée ou encore d’Afghanistan ont soudainement été vues dans les villages.

«Au sein de l’association féminine et des Eglises réformée et catholique, nous nous sommes demandé ce que nous pouvions faire», se souvient Ursina Albrecht, vice-présidente de l’association féminine de Brunnen. Ce groupe œcuménique est affilié à la Ligue suisse de femmes catholiques (SKF) et à la Fédération suisse des femmes protestantes (FSFP). Le premier pas a été d’organiser un café-rencontre avec des réfugiés, une fois par mois, le samedi, dans la maison de la paroisse réformée de Brunnen. Des contacts étroits s’y sont déjà développés. «Au début, certaines femmes disaient: nous ne faisons que servir le café, rien de plus. Mais ensuite, il était touchant de les voir commencer à parler avec les réfugiés. De belles relations sont nées», raconte Ursina Albrecht.

Perturbations pandémiques

La communication avec les réfugiés n’a cessé de s’améliorer. «Petit à petit, les personnes se sont mises à suivre des cours d’allemand. Non seulement nous avons ainsi pu mieux communiquer avec elles, mais elles ont aussi commencé à apprendre, et nous avec», explique Ursina Albrecht.

Des cours de soutien sont donnés à de jeunes réfugiés par des bénévoles, à l’école Leewasser de Brunnen (SZ) | © Vera Rüttimann

Le point de rencontre a ensuite été transféré à la cafétéria de la maison de retraite locale. Les participants s’y retrouvaient une fois par semaine. A cause de la pandémie de Covid, la maison de retraite a cependant dû fermer ses portes aux personnes extérieures. Les contacts ont été maintenus via Zoom et en se réunissant à l’air libre. La rencontre d’apprentissage hebdomadaire a repris dès l’été 2020, avec des masques et les précautions d’usage. Une période difficile, confie Ursina Albrecht: «Il était important de ne pas laisser les personnes réfugiées seules avec leurs peurs et leurs problèmes».

Une femme active

La Schwytzoise avait 20 ans lorsqu’elle a fait pour la première fois connaissance avec des réfugiés. «En tant que jeune étudiante, nous avions hébergé un couple kurde dans notre colocation pendant six mois. La femme était enceinte», raconte-t-elle.

Ursina est une personne très active. Engagée dans le conseil de la paroisse d’Ingenbohl-Brunnen, elle est également professeur de musique et travaille avec des enfants à l’école de musique. Parallèlement, elle travaille à 50% dans un bureau en tant que secrétaire. «Je peux intégrer toutes ces expériences dans mon travail avec les personnes migrantes», assure-t-elle.

De nombreux réfugiés qui suivent les cours de soutien à l’école Leewasser ont obtenu le diplôme de langue B1. Certains ont ainsi trouvé une place d’apprentissage ou de stage. Selon Ursina Albrecht, un jeune Afghan fait actuellement un apprentissage d’électricien. Un autre réfugié suit un apprentissage de mécanicien automobile. Avant cela, tous deux ne savaient ni lire ni écrire l’allemand.

Enrichissement mutuel

Ursina Albrecht connaît des histoires touchantes. Notamment celle d’Ali, présent ce soir-là. Le jeune homme, qui vient d’un village voisin, n’a qu’un seul bras. Il était analphabète lorsqu’il est arrivé à Brunnen. «Une femme âgée de notre équipe l’a pris en charge. À chaque rencontre, elle l’aidait à apprendre l’allemand. Elle le traitait comme son propre petit-fils. C’était vraiment touchant». Une autre femme s’est fortement investie pour un jeune réfugié, jusqu’à lui trouver une place d’apprentissage. «Elle a dû passer de nombreux coups de téléphone aux autorités pour y parvenir».

La situation est plus difficile pour les réfugiés un peu plus âgés. «Ils restent plus volontiers, avec leurs pensées et leur âme dans leur pays d’origine, et ont souvent des difficultés à prendre pied en Suisse sur le plan professionnel et personnel». De nombreuses amitiés sont également nées de ces rencontres. «Je pourrais passer mes soirées aux fêtes auxquelles des réfugiés m’invitent», s’amuse Ursina. La vaste gratitude ressentie enchante l’équipe de bénévoles. «Nous recevons énormément en retour», résume la Schwytzoise. (cath.ch/kath/vr/rz)

Ursina Albrecht soutient des personnes réfugiées à Brunnen (SZ) | © Vera Rüttimann
13 juillet 2022 | 11:21
par Rédaction
Temps de lecture : env. 4  min.
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