«Les autorités vont dépenser 50 millions de francs pour les JMJ»
Brésil: Le coût des Journées Mondiales de la Jeunesse, autre cible des protestations
Rio de Janeiro, 19 juin 2013 (Apic) Alors que les manifestations populaires pour s’élever contre la vie chère prennent chaque jour davantage d’ampleur au Brésil, les critiques commencent à pleuvoir également sur le coût, pour les finances publiques, de l’organisation des Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ).
Des milliers de Brésiliens ont de nouveau défilé mardi soir 18 juin à Sao Paulo et Rio de Janeiro, ainsi que dans une trentaine de villes du pays pour protester contre l’augmentation du coût des transports, de la vie et contre le budget de 15 milliards de dollars que l’Etat va consacrer à l’organisation de la Coupe du Monde de football, en 2014. Sur la toile, les critiques commencent également à pleuvoir sur le coût, pour l’Etat, des JMJ qui se tiendront du 23 au 28 juillet prochain à Rio de Janeiro.
50 millions de francs pour la sécurité
Les réseaux sociaux relaient en effet depuis deux jours un article publié le 17 mai dernier par le journal O Globo. D’après le quotidien, le premier voyage du pape au Brésil, dans le cadre des JMJ coûtera 118 millions de réais (près de 50 millions de francs). La somme sera répartie entre la municipalité de Rio de Janeiro, le gouvernement de l’Etat de Rio et l’Etat fédéral brésilien. Ce montant, d’après O Globo, est lié aux coûts de sécurité et d’organisation de l’évènement.
Un avion pour transporter… deux papamobiles
A lui seul, le gouvernement fédéral devra débourser plus de la moitié de la somme globale (62 millions de réais), dont 30 millions pour la seule sécurité du Saint Père. Certains internautes fustigent le coût de 1 million de réais pour l’utilisation de l’avion Hercules de la Force Aérienne, permettant le transport des deux papamobiles de Rio jusqu’au Sanctuaire marial d’Aparecida, où le pape François célèbrera une messe unique le 24 juillet, avant de revenir en hélicoptère poursuivre son programme à Rio de Janeiro. Les 56 millions de réais restants seront à la charge de l’Etat de Rio et de la Ville.
Les critiques portent également sur le nombre de militaires qui seront mis à la disposition des organisateurs par l’Etat brésilien. Le journal assure que 10’700 hommes, en majorité des forces armées, seront mobilisés pour les JMJ. L’Eglise catholique va embaucher pour sa part quelques 2’000 agents de sécurité privés, notamment pour le site de Guaratiba, où se dérouleront la veillée et la messe de clôture des JMJ.
L’Eglise va s’enrichir
Sur les réseaux sociaux, les interrogations portent évidemment sur la participation financière de l’Eglise catholique à l’organisation de l’évènement. D’autant qu’aucune information n’a filtré sur le sujet. En revanche, s’appuyant sur une estimation provenant de l’Eglise elle-même et concernant 800’000 inscriptions de pèlerins (ndlr: 2 millions de personnes sont attendues), les JMJ devrait rapporter près de 300 millions de réais (127 millions de francs) à l’Eglise catholique.
Liturgie financée par l’Etat
Certains internautes relèvent enfin, en s’appuyant toujours sur les informations du journal O Globo, que même la liturgie sera sur le compte des finances publiques. La preuve? Les quatre millions d’hosties nécessaires aux célébrations qui jalonneront ces JMJ ont été commandées à divers fournisseurs locaux par les organisateurs. Mais la note sera réglée par les autorités brésiliennes. Un Etat brésilien, rappellent les internautes, qui aurait pu construire, avec ces 118 millions de réais, près de 2’500 maisons populaires, dans le cadre du programme «Ma maison, ma vie» permettant l’accès à la propriété pour les plus démunis.
Encadré
A cinq semaines de la venue du pape et du début des JMJ, les manifestations qui se succèdent à Rio de Janeiro commencent à inquiéter les responsables de la sécurité des JMJ, malgré un discours qui se veut rassurant. «Nous n’avons aucune inquiétude concernant la sécurité du Saint-Père et des pèlerins qui participeront aux JMJ», a ainsi rappelé Roberto Azir, le sous-secrétaire chargé des grands évènements, rattaché au Secrétariat de la sécurité de Rio de Janeiro.
Le responsable compte notamment s’appuyer sur le Centre Intégré de Commande et de Contrôle, un organisme inauguré le 31 mai dernier et regroupant notamment la Police fédérale, les forces armées, la Police civile, la Police militaire et le corps des pompiers de Rio de Janeiro. Un centre de contrôle qui observe avec attention les manifestations actuelles et en profite pour échafauder des «plans B» en cas de problèmes lors des JMJ.
Exemple: l’église Sao José, voisine du parlement de l’Etat de Rio de Janeiro, a été vandalisée le 17 juin par quelques personnes, en marge des manifestations. Or, cet édifice doit recevoir des pèlerins lors des JMJ. «Nous avons donc recensé toutes les églises situées près d’édifices publics sensibles et commencé à travailler sur des alternatives pour le logement des pèlerins qui doivent normalement y être hébergés.»
(apic/jcg/bb)