Les Allemands demandent au pape de «réexaminer» le célibat sacerdotal

Le Chemin synodal allemand a voté, le 9 mars 2023, en faveur d’un texte demandant au pape François de «réexaminer le lien entre la consécration et l’obligation au célibat sacerdotal». Certains dans l’assemblée souhaitaient une formule plus radicale: demander au pontife «d’abroger» le célibat pour les prêtres.

Intitulé ‘Le célibat des prêtres – renforcement et ouverture’, le texte a été voté en fin d’après-midi à 95% des voix pour 205 suffrages exprimés. 40 évêques sur les 60 participants ont voté en faveur du document – les abstentions n’étant pas comptées. Certains participants ont fait savoir qu’ils votaient contre parce qu’ils trouvaient que le document n’allait pas assez loin.

Le débat a porté principalement sur un amendement qui demandait que soit formulée plus directement la volonté de l’assemblée de pousser le pape à traiter de la question du célibat sacerdotal. Le cardinal archevêque de Munich, Reinhard Marx, a défendu une version modérée qui consistait à prier le pontife de «réexaminer» la question. Son confrère Mgr Stephan Ackermann, évêque de Trèves, a soutenu pour sa part l’amendement qui demandait au pape l’abrogation du célibat obligatoire.

«Nous perdons trop de prêtres»

Plusieurs participants ont souligné les nombreux cas de prêtres qui doivent abandonner leur état après avoir noué une relation. «Nous perdons trop de personnes», a déclaré ainsi Mgr Ackermann. Avec lui, ils ont été nombreux à plaider pour que ces anciens prêtres soient mieux réinsérés dans l’Église et qu’ils puissent y avoir un rôle, et la proposition a été retenue dans le document.

D’autres se sont appuyés sur une recommandation du rapport sur les abus MHG, paru en 2018 qui déclarait que le célibat pouvait être un «potentiel facteur de risque».

Peu de voix se sont élevées pour contester la remise en cause du célibat sacerdotal au sein de l’assemblée. L’une d’entre elles, Mgr Dominik Schwadderlapp, évêque auxiliaire de Cologne, a toutefois mis en garde contre le risque de créer un sacerdoce «à deux vitesses» et a plaidé pour que soit favorisée la vie de prêtres en communauté. Mgr Wolfgang Ipolt, évêque de Görlitz, s’est pour sa part inquiété qu’on n’évoque que les cas de prêtres qui échouent à vivre le célibat.

Grave pénurie de vocations

Plus tôt dans l’après-midi, un texte de théologie fondamentale affirmant la nécessité pour l’Église de disposer de prêtres et de leur mission sacramentelle a largement été approuvé, recueillant 88% des votes. L’Église catholique allemande fait face à une grave pénurie de vocations: seulement 33 prêtres diocésains ont été ordonnés en Allemagne en 2022 – en comparaison, 77 prêtres diocésains ont été ordonnés en France la même année.

Le chemin synodal allemand doit encore examiner 12 textes d’ici le 11 mars. Parmi les thèmes qui seront abordés, on retrouve la participation des laïcs aux sacrements, les célébrations des «couples qui s’aiment», les abus sexuels, les processus de décision, la question de la diversité des sexes ou l’ouverture des sacrements aux femmes. (cath.ch/imedia/cd/gr)