L'EPER lance sa campagne «Annoncer la couleur pour une Suisse humaine»
Plus de 65 millions de personnes à travers le monde sont aujourd’hui sur les routes de l’exil, a déclaré lundi 8 mai 2017 à Berne Hanspeter Bigler, directeur ad interim de l’Entraide Protestante Suisse (EPER). «Notre pays accueille et protège les personnes en danger en quête d’un refuge», a-t-il lancé, tout en mettant en garde contre un repli sur soi qui mettrait en danger la longue tradition d’accueil de la Suisse.
L’ONG lançait en matinée, sur la Waisenhausplatz, sa campagne «Annoncer la couleur pour une Suisse humaine». Se déroulant entre le 8 mai et le 17 juin, elle bénéficie de l’appui d’une large plateforme de 130 partenaires. Elle rassemble associations, ONG, partis politiques, entreprises et paroisses, ainsi que des réfugiés et des personnalités de divers milieux politiques, sportifs, culturels ou médiatiques: tous entendent, ensemble, construire des ponts.
Pour bien montrer que l’heure d’une Suisse humaine et solidaire avait sonné, une foule bigarrée d’une trentaine de porteurs de cloches, vêtus d’une chemise paysanne traditionnelle frappée du slogan «Annoncer la couleur», écrit en allemand, est arrivée sur la place en provenance du Palais fédéral. Parmi eux, la conseillère nationale bernoise Regula Rytz, présidente des Verts. Précédant le cortège des sonneurs, avec parmi eux des réfugiés venant de Syrie, d’Afghanistan, d’Erythrée ou de Somalie, un lanceur de drapeau bernois à la longue barbe blanche.
Préserver la tradition humanitaire suisse
«Nous voulons créer des liens entre Suisses et réfugiés, changer l’idée répandue que les traditions suisses sont toujours conservatrices. Nous voulons une Suisse qui assume sa tradition humanitaire comme elle le fait si bien pour son folklore et ses coutumes», confie à cath.ch Dieter Wüthrich, responsable du département Médias et Information à l’EPER.
Si le cor des alpes, le jodle ou la lutte à la culotte font bel et bien partie des traditions suisses, note l’EPER, «protéger et accueillir les personnes qui fuient la persécution et la guerre font tout autant partie de notre héritage, celui de la tradition humanitaire suisse». Ainsi, jusqu’au 17 juin prochain, Journée nationale du réfugié, des rencontres interculturelles plutôt inhabituelles sont prévues entre Suisses et réfugiés dans diverses localités de Suisse.
Sous le signe de la rencontre
Tant la virtuose Eliana Burki et son cor des Alpes, l’ancien roi de la lutte Ernst Schläpfer que la jodleuse Barbara Berger animeront des ateliers d’initiation pour les réfugiés. Des personnalités seront aussi de la partie: le chanteur Michael von der Heide, le rappeur Greis, la conseillère aux Etats Pascale Bruderer et la pasteure Sibylle Forrer, animatrice TV.
Le point d’orgue de cette campagne de six semaines placée sous le signe de la rencontre aura lieu à Berne le 17 juin sur la Place de la gare, lors d’une grande fête interculturelle. En Suisse romande, un événement intitulé «Solidaires dans l’action» aura lieu le même jour à l’Espace Dickens à Lausanne. Il regroupera les acteurs de la société civile qui s’engagent dans le canton de Vaud.
Le processus d’intégration n’est jamais terminé
Défendant une vision optimiste et orientée vers le futur, Hanspeter Bigler a salué l’engagement de nombreux Suisses, qui travaillent bénévolement auprès des réfugiés et qui montrent un beau visage de la Suisse. Ce que confirme Yaman Alharash, réfugiée de Damas, seule en Suisse depuis 2012. Sa famille est désormais dispersée aux quatre coins du monde arabe. Cette jeune musulmane syrienne explique à cath.ch, dans un excellent allemand, son travail au sein de l’association Laylak (»Lilas») à Zurich, qui rassemble pour des activités communes résidents zurichois et réfugiés. Elle souligne, par expérience, que le processus d’intégration prend du temps et qu’il n’est jamais terminé.
L’engagement de l’EPER
L’Entraide Protestante Suisse (EPER) combat les causes de la famine, de la pauvreté et de l’injustice dans 32 pays situés sur quatre continents. Au niveau international, elle apporte une aide d’urgence aux victimes de catastrophes naturelles et de conflits armés et soutient les Eglises réformées d’Europe de l’Est et du Proche-Orient dans leur engagement social. En Suisse, l’EPER défend les droits des personnes réfugiées et des personnes socialement défavorisées et s’engage pour leur intégration. (cath.ch/be)