L'entente entre Steve Bannon et le cardinal Burke s'est rompue
Sur fond de désaccords avec Steve Bannon, l’ancien stratège politique de Donald Trump qui cherche à fédérer les mouvements nationalistes et d’extrême-droite à travers l’Europe, le cardinal Raymond Burke a annoncé sa démission de l’Institut Dignitatis humanae (DHI).
Cette institution conservatrice, dont le cardinal Burke est président honoraire, est basée dans la Certosa di Trisulti, une chartreuse du 13e siècle située à une centaine de kilomètres au sud-est de Rome. EIle vise à former les futurs cadres du nationalisme européen.
Sodoma sème la discorde chez les conservateurs
Dans un communiqué du 25 juin 2019, le cardinal Raymond Burke, cardinal-patron de l’Ordre de Malte et adversaire déclaré du pape François, démissionne de la présidence d’honneur de l’Institut Dignitatis humanae. Le prélat traditionaliste estime que le DHI est «de plus en plus identifié avec le programme politique» de Steve Bannon.
Cette rupture fait notamment suite au souhait de l’ancien conseiller de Donald Trump d’adapter en film de l’ouvrage Sodoma, du journaliste français Frédéric Martel, qui se déclare lui-même «catholique athée» et ouvertement homosexuel.
Burke versus Bannon
Le 24 juin 2019, explique le prélat américain, un article du site LifeSiteNews – depuis retiré – révélait une rencontre entre Steve Bannon et l’auteur français. Cette réunion, a été organisée par l’entremise de Benjamin Harnwell, fondateur de Dignitatis humanae. Une phrase «maladroite» de l’article, reconnaît le site conservateur «pro-vie», laissait entendre que le cardinal Burke était impliqué dans ce rendez-vous visant l’adaptation cinématographique de Sodoma.
Une affirmation fermement démentie par le cardinal-patron de l’Ordre de Malte. «Je ne suis en aucun cas d’accord avec l’avis de M. Bannon sur ce livre», précise-t-il en outre.
Rien à voir avec «The Movement», organisation de Bannon
Le cardinal américain va plus loin: «Je suis en complet désaccord avec M. Bannon sur nombre de ses déclarations sur la doctrine et la discipline de l’Eglise catholique romaine». S’il reconnaît avoir déjà échangé avec l’ancien chef de la campagne de Donald Trump, le cardinal Burke réfute avoir travaillé avec lui.
Le prélat américain affirme également qu’il n’a rien à voir avec «The Movement», une organisation politique européenne créée par Steve Bannon en 2017 dans le but de rassembler des mouvements européens d’extrême droite ou populistes.
Des cardinaux dans le conseil consultatif de DHI
Plus encore, il aurait pressé l’Institut Dignitatis humanae de revenir à sa mission originale plutôt que d’être «de plus en plus identifié avec le programme politique» de Steve Bannon. Le cardinal Burke démissionne donc avec effet immédiat de la présidence honoraire de cette institution conservatrice – qu’il assumait depuis le début de l’année – et rompt toute relation. Une dizaine de cardinaux apparaissent sur la liste du conseil consultatif de DHI.
Plus précisément, l’ancien préfet du Tribunal de la Signature apostolique reproche à Dignitatis humanae son implication dans une initiative de Steve Bannon. Celui qui se décrit comme membre de l’alt-right (la droite ›alternative’ américaine) voulait créer une école ›souverainiste’ au sein de la chartreuse de Trisulti, confiée par l’Etat italien à l’Institut Dignitatis humanae.
L’école «souverainiste» de Steve Bannon
Si DHI était favorable à ce projet, le gouvernement italien a réagi en engageant la procédure de révocation de la concession pour manquements aux obligations liées à celle-ci.
Créé en 2008 par l’Anglais Benjamin Harnwell, l’Institut Dignitatis humanae affirme sur son site vouloir «défendre la dignité humaine sur la base de la vérité anthropologique selon laquelle l’homme est né à l’image et à la ressemblance de Dieu. (…) Nous existons en raison d’une intolérance sécularisée croissante à l’égard des chrétiens de toutes les confessions, ce qui a conduit à une multitude d’atteintes à la dignité humaine à différents niveaux». (cath.ch/imedia/xln/crux/be)