L’Église préoccupée par la réélection de Daniel Ortega au Nicaragua
Après la facile réélection le 6 novembre 2016 de Daniel Ortega à la présidence du Nicaragua L’Église locale est préoccupée quant à une dérive autoritaire du pouvoir exécutif.
Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, a été réélu dimanche 6 novembre 2016 à la tête de ce pays d’Amérique centrale, qu’il préside depuis 2007, après avoir déjà exercé cette fonction de 1985 à 1990 sous le régime sandiniste. Daniel Ortega est arrivé largement en tête dès le premier tour, avec 72% des voix.
Un score apparemment écrasant, mais à relativiser compte tenu d’une abstention massive, analyse Radio Vatican. Les chiffres de l’abstention sont en effet confus: ils varient entre 30% selon les autorités, et près de 78% selon certaines agences.
Une méfiance partagée au sein de l’Eglise catholique du pays. L’évêque auxiliaire de Managua, la capitale, Mgr Sivio Baez, a lui-même affirmé qu’il n’était pas allé voter, «non pas par abstentionnisme, mais par responsabilité et amour pour le Nicaragua». Il a expliqué que les citoyens méritaient des autorités élues d’une autre façon, d’une façon qui représente vraiment le sentiment populaire, dans lequel ne soit exclu aucun Nicaraguayen. L’élection de dimanche s’est déroulée en l’absence d’observateurs internationaux.
L’Eglise refuse d’être instrumentalisée
En 2006, l’Église catholique s’était pourtant montrée plutôt favorable à l’élection de Daniel Ortega. Un soutien paradoxal compte tenu de la répression dont l’Église catholique avait été victime à l’époque du gouvernement sandiniste, mais entre-temps, Daniel Ortega avait présenté ses excuses à l’épiscopat, et avait adopté un positionnement pro-vie, opposé à l’avortement, ce qui avait provoqué le ralliement d’une partie des catholiques.
Mais au cours la décennie écoulée, les références à Dieu dans les discours du président nicaraguayen ont provoqué un malaise croissant. L’Église s’est sentie instrumentalisée dans une dérive mystique et un pouvoir de plus en plus clanique. La famille du président détient de nombreux postes clés de l’État, et les principaux partis d’opposition ont été exclus des élections. Le Nicaragua devient un pays de plus en plus fracturé, à l’image du Venezuela, dont le président Nicolas Maduro a apporté un soutien actif à son homologue Daniel Ortega. (cath.ch-apic/rv/mp)