Pour les victimes l'abus sexuel reste comme la trace d'un fil barbelé  dans la chair | CC0 domaine public
International

Le Vatican ordonne une enquête sur les abus en Espagne

Selon le journal El Pais du 19 décembre 2021, le Vatican a ordonné une enquête à grande échelle sur les abus au sein de l’Eglise catholique espagnole. Les résultats des recherches du journal sur 251 nouveaux cas seraient à la base de cette démarche.

Lors du récent voyage du pape à Chypre et en Grèce, le journaliste espagnol d’El País, Daniel Verdú a remis au pape François dans l’avion, le 2 décembre dernier, un rapport de 385 pages compilant les nombreuses enquêtes du journal espagnol consacrées à la pédophilie dans l’Eglise en Espagne au cours des dernières décennies. Selon ces données, les 251 cas documentés vont de 1943 à 2018. La plupart des accusations (77%) visent des communautés religieuses.

«El Pais» estime que le nombre total de cas d’abus en Espagne est bien plus élevé. Il n’existe pas de données officielles et complètes, mais au vu des témoignages recueillis, il pourrait y avoir des milliers de victimes au cours des dernières décennies, écrit le journal.

Après la remise du rapport, le pape aurait agi rapidement et chargé la Congrégation pour la doctrine de la foi et la Conférence épiscopale espagnole d’évaluer la situation et d’ouvrir des enquêtes. Les 31 diocèses et 31 communautés religieuses concernés seraient également impliqués.

Les évêques dénoncent un manque de rigueur

La Conférence épiscopale espagnole a répondu pour la première fois officiellement le 21 décembre 2021 à la campagne de dénonciation des abus sexuels au sein de l’Église lancé depuis octobre 2018 par le journal El País. 

«Il serait souhaitable que les accusations contenues dans le rapport susmentionné aient une plus grande rigueur, car leur contenu, de nature très disparate, rend difficile d’en tirer des conclusions qui pourraient servir à une éventuelle enquête», relève l’épiscopat. Le communiqué pointe en particulier le manque des noms des accusés, des années où les abus ont eu lieu, ou le fait de faire référence à des personnes décédées. Pour les évêques, le rapport produit par le journal et remis au pape et au président de l’épiscopat, le cardinal Juan José Omella, manque donc de «rigueur».

Bien que El País ait souligné que l’Église ouvrait une «enquête sans précédent» après les démarches entreprises par le journal, en fait la Conférence des évêques affirme avoir toujours agi selon les protocoles que le pape a lui-même a stipulés pour recevoir les plaintes.

La Conférence épiscopale demande aussi au journal que cette même information soit également donnée aux bureaux de protection des mineurs et de prévention des abus dans les diocèses et les congrégations religieuses afin qu’ils puissent mener des enquêtes appropriées en fonction des informations reçues.

L’importance des rapports

Globalement les évêques saluent néanmoins «toutes les initiatives des institutions et des médias qui contribuent à mettre fin au fléau des abus sexuels commis sur des mineurs ou des personnes vulnérables dans l’Église ou dans la société.»

Dans le même sens, le communiqué note que «l’Église insiste sur l’importance de la dénonciation des abus et encourage toutes les victimes à présenter leurs plaintes aux institutions juridiques, canoniques ou sociales qui leur conviennent le mieux». (cath.ch/ag/mp)

Pour les victimes l'abus sexuel reste comme la trace d'un fil barbelé dans la chair | CC0 domaine public
21 décembre 2021 | 10:52
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
Abus sexuels (1289), Enquête (57), Espagne (91)
Partagez!