Le Vatican n’entend pas renoncer à la visite du pape en Centrafrique
Rome/Bangui, 12.11.2015 (cath.ch-apic) A une douzaine de jours de la première visite du pape François en Afrique, le Vatican n’entend visiblement pas renoncer à la brève étape centrafricaine de ce déplacement, malgré la perplexité affichée par la France sur les conditions de sécurité du chef de l’Eglise catholique et des fidèles. Après avoir visité le Kenya et l’Ouganda, le pape doit ainsi se rendre les 29 et 30 novembre 2015 à Bangui, la capitale centrafricaine, où la situation sécuritaire s’aggrave sur fond d’affrontements intercommunautaires.
«Nous entendons bien suivre le programme prévu, malgré les avertissements de la France, cette étape aura bien lieu», confie avec assurance à l’agence I.MEDIA une source proche du dossier. Dès lors, les préparatifs vont bon train et tout laisse à penser que le pape se rendra bien à Bangui pour cette visite d’à peine plus de 24 heures. «Pour lui, ne pas y aller serait un échec», confie une autre source vaticane.
Si l’on reconnaît fort diplomatiquement, en Secrétairerie d’Etat, «comprendre les craintes de la France», d’autres s’interrogent au Vatican sur la méthode employée par Paris. Ainsi, la presse française s’est largement fait l’écho des craintes exprimées en marge d’un déplacement à Dakar, la capitale du Sénégal, le 10 novembre, dans l’entourage du ministre français de la défense Jean-Yves Le Drian.
La France a alors indiqué avoir prévenu les services de sécurité du Vatican qu’il s’agissait d’une visite «à hauts risques», à quelques semaines des élections dans ce pays déchiré par des violences entre les milices musulmanes de l’ex-Séléka au pouvoir et les anti-Balaka à majorité chrétienne. Cela malgré la présence de 9’000 casques bleus de la force des Nations unies (Minusca) et de quelque 900 soldats français de l’opération Sangaris.
Un déchargement de responsabilité?
Au Vatican, dès lors, certains ne cachent pas leur agacement, jugeant que Paris entend surtout se décharger de sa responsabilité en cas de problème. Outre la sécurité du pape François, assurent cependant les militaires français, c’est celle de milliers de fidèles catholiques qui est en jeu, dont certains pourraient aussi venir des pays voisins: le Cameroun, la République du Congo, et la République démocratique du Congo (RDC).
Il n’en reste pas moins vrai que le pape François lui-même, lors de la prière de l’Angélus, le 1er novembre dernier, avait inhabituellement laissé entendre que cette visite pourrait être remise en cause. «Pour manifester la proximité dans la prière de toute l’Eglise envers cette nation si affligée et tourmentée et exhorter tous les Centrafricains à être toujours plus des témoins de miséricorde et de réconciliation, dimanche 29 novembre, j’ai l’intention d’ouvrir la porte sainte de la cathédrale de Bangui, durant le voyage apostolique que j’espère pouvoir réaliser dans ce pays», avait ainsi affirmé le pape. (apic/imedia/ami/rz)