Le Vatican méconnu: la Tour des Vents
Rome, 20.07.2015 (cath.ch-apic) Perchée sur les musées du Vatican, entre la cour du Belvédère et celle de la Pigne, se trouve la Tour des Vents. Dominant la partie Est du petit Etat, elle a été construite au 16e siècle pour faire office de salle d’astronomie et permettre l’élaboration d’un nouveau calendrier. Elle a ensuite accueilli une hôte illustre, la reine de Suède, avant d’être rénovée par Léon XIII lorsqu’il créa l’Observatoire du Vatican. Remarquable pour ses magnifiques peintures, la tour est aujourd’hui fermée au public.
Du haut de ses 73 mètres, juste au-dessus des Archives secrètes du Vatican, la Tour des Vents est l’un des points culminants de la cité. En 1548, le pape Grégoire XIII (1572-1585) confie la construction de la tour à l’architecte bolonais Ottaviano Mascherino. Le but est de promouvoir l’astronomie, mais également de réformer le calendrier Julien, mis en place par César en 46 avant Jésus Christ. Le bâtiment est terminé en 1580, et est équipé du meilleur matériel existant à l’époque.
Corriger l’ancien calendrier
La salle de la Méridienne constitue le cœur de la Tour des Vents. Tracée d’après les calculs du dominicain Ignazio Danti, astronome pontifical et membre de la commission pour la réforme du calendrier Julien, une grande méridienne en marbre blanc, encastrée dans le sol, permet de détecter l’erreur de l’ancien calendrier. En effet, elle est conçue pour donner le moment exact de l’équinoxe de printemps : à midi le rayon de soleil traversant l’oculus – un trou de 14 millimètres caché dans l’une des fresques du mur – doit tomber sur une ligne spécifique. Cet équinoxe est d’importance puisqu’il est le repère permettant de fixer la date de Pâques, depuis le concile de Nicée en 325. Lors du premier test, l’équinoxe se produit avec dix jours d’avance sur la date prévue, prouvant l’erreur de calcul de l’ancien calendrier.
Le calendrier grégorien est donc adopté en février 1582 par la bulle Inter Gravissima. Cette année-là, le 4 octobre est suivi directement du 15 octobre, afin de corriger l’écart. La réforme garde le principe des mois, des semaines et du point de départ à l’ère chrétienne, mais modifie le calcul des années bissextiles. Ignazio Danti est également l’inventeur de l’anémoscope – instrument servant à mesurer le sens et la force du vent – fixé sur la voûte de la salle Méridienne.
En 1655, la tour accueille la reine Christine de Suède. Suite à son abdication en 1654 et à sa conversion au catholicisme, Alexandre VII (1655-1667) accepte de l’héberger au Vatican pour quelques temps. La chambre de la Méridienne lui est alors réservée. Lorsqu’elle meurt en 1689, elle est d’ailleurs enterrée dans la crypte de la basilique Saint-Pierre.
L’observatoire déménagé à Castel Gandolfo
L’intérêt du Saint-Siège pour l’astronomie ne cesse de se manifester au cours des siècles. Pour affirmer cette riche tradition et contrer la méfiance des scientifiques envers l’Eglise, Léon XIII (1878-1903) fonde la Specola vaticana (observatoire du Vatican) par le Motu proprio Ut mysticam du 14 mars 1891. A cette occasion, la Tour des Vent est restaurée pour être durant quelques années le siège du nouvel institut, et d’autres points d’observations sont construits au Vatican. Le toit de la tour est réaménagé afin d’obtenir une terrasse plate pour les observations astronomiques. En 1935, l’observatoire est déménagé à Castel Gandolfo pour des raisons de pollution lumineuse nocturne, et les installations du Vatican sont peu à peu délaissées. Aujourd’hui, la Tour des Vents n’est plus en usage. Elle abrite cependant le bureau du préfet des Archives secrètes du Vatican.
Peintures grotesques
Le plafond de la chambre de la Méridienne est orné d’une fresque de la rose des vents, œuvre de Niccolò Circignani, dit il Pomarancio, peintre italien maniériste. La tour présente l’une des rares pièces de Rome montrant des peintures grotesques – le grotesque étant un style d’ornement datant de l’Antiquité, découvert à la Renaissance sur les murs d’une ›grotte’ qui était en fait la Domus Aurea ensevelie.
L’étage intermédiaire représente différentes vues de Rome. L’œuvre du peintre flamand Matthijs Bril permet de se faire une idée de l’aspect de la ville à la fin du 16e siècle. On y voit par exemple la coupole de la basilique Saint-Pierre en construction. Aujourd’hui, toutes ces pièces sont fermées au public.
Encadré
Série sur les lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’
On pourrait croire que le Vatican se limite à la place et à la basilique Saint-Pierre. Pourtant, avec ses 44 hectares de terrain, l’Etat de la Cité du Vatican possède tous les attributs d’un Etat à part entière. Plus petit Etat au monde – quatre fois moins que la principauté de Monaco -, il est composé de bâtiments, de cours, de petites places, de quelques rues et de jardins.
Ainsi le Vatican possède une gare, des magasins, des tribunaux, une radio, et nombre de services utiles aux quelque 900 résidents et 2800 employés, ainsi qu’au rayonnement du Saint-Siège. Des lieux qui ont tous leur histoire, souvent postérieure à la signature des Accords du Latran, en 1929, entre Benito Mussolini et le cardinal Pietro Gasparri.
Mais le territoire du Vatican s’étend également au-delà de ses 3,2 kilomètres de frontières. Il s’agit des palais extraterritoriaux, du ›Vatican-hors-les-murs’, dont le plus important est la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo, ainsi que les basiliques majeures et certains bureaux de la curie.
Au fil des semaines à venir, l’agence I.MEDIA proposera de retrouver un de ces lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’ parmi lesquels la Maison Sainte-Marthe, nouveau cœur du Vatican ; le Palais du Gouvernorat, siège des services généraux, techniques et économiques ; la gare ferroviaire, devenue magasin de luxe ; la reproduction de la Grotte de Lourdes où les papes aiment à se recueillir ; le monastère Mater Ecclesiae où s’est retiré Benoît XVI (2005-2013) ou encore la Casina Pio IV, siège de l’Académie pontificale des sciences. (apic/imedia/cd/ce)