Le Vatican méconnu: la grotte de Lourdes
Rome, 1er juin 2015 (Apic) L’extrémité Nord des Jardins du Vatican abrite depuis plus de de 100 ans, une reproduction de la grotte de Lourdes en France, commémorant les apparitions de la Vierge à la petite Bernadette Soubirous (1844-1879). Offerte en 1902 à Léon XIII (1878-1903), elle a toujours été un lieu privilégié de recueillement pour les différents papes.
Lorsque Léon XIII fait la demande d’une reproduction de la grotte de Massabielle au Vatican, sa requête s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur, Pie IX (1846-1878). En 1854, ce dernier a en effet promulgué le dogme de l’Immaculée Conception, et c’est ainsi que la Vierge s’est présentée à la petite bergère de 14 ans, lors de ses apparitions en 1858: «Que sòi era Immaculada Concepcion” (»Je suis l’Immaculée Conception»). En 1902, Mgr François-Xavier Schoepfer, évêque de Tarbes et de Lourdes, décide d’offrir une réplique exacte de la grotte au pontife.
En haut des jardins
La construction de la grotte par Constantin Sneider, l’architecte du palais apostolique, se termine en 1905, après la mort de Léon XIII. Le financement a été en grande partie assuré par les missionnaires de l’Immaculée Conception, grâce à une collecte internationale. L’emplacement choisi est un des lieux les plus hauts des jardins, au bout d’un ancien mur d’enceinte partant de la tour Saint-Jean. Pie X (1903-1914) consacre officiellement la grotte en mars 1905, sans la présence de l’ambassadeur français, marquant ainsi la rupture des relations diplomatiques suite à la politique d’Emile Combes. Les deux médaillons qui encadrent la grotte représentent le donateur et le récipiendaire, à droite Mgr Schoepfer et à gauche Léon XIII.
La grotte du Vatican est un peu plus petite que l’originale, mais l’échelle est parfaitement respectée. L’architecte prend soin de reproduire également les alentours de la grotte. Elle est surmontée d’une tour néogothique représentant la flèche de Lourdes des français Edmond Coignet et François Hennebique, mais pour des raisons de sécurité, Pie XI (1922-1939) la fait démolir en 1933, année de la canonisation de Bernadette Soubirous. De même, une passerelle métallique utilisée par l’Observatoire du Vatican devançait la grotte. Jugée très disgracieuse et tombant en ruine, Pie XI la fait disparaître en même temps, plutôt que de la restaurer. En 1962, Jean XXIII (1958-1963) fait aussi enlever les deux escaliers latéraux qui permettaient l’accès à la tour. La grotte prend alors l’aspect très simple qu’elle garde aujourd’hui.
Le Vatican s’est vu offrir en 1960, peu après le centenaire des apparitions de la Vierge à Lourdes, l’autel en argent, ciselé par l’orfèvre Armand Calliat, qui se trouvait dans la grotte originelle depuis 1902. Comme le rappelle l’inscription à la base de l’autel, le donateur est l’évêque de Tarbes et de Lourdes de l’époque, Mgr Pierre-Marie Théas. Une statue de la Vierge surplombe l’autel, entourée d’un rideau vert d’une vigne américaine. A ses pieds figure l’inscription du message de Marie à sainte Bernadette. Sur la droite, à proximité de la grotte, se trouve une source rappelant les paroles de la Vierge à Bernadette, «Allez boire à la fontaine et vous y laver», ainsi qu’une plaque de marbre relatant en latin l’histoire de la construction de ce petit sanctuaire.
Un lieu apprécié par les papes
Les papes successifs en ont fait un lieu de prédilection pour venir prier pendant leurs promenades. Si le pape François n’est pas un grand adepte des balades dans les Jardins du Vatican, le pape émérite Benoît XVI, dont la résidence discrète est située en contrebas, continue de venir y réciter régulièrement le chapelet.
Chaque année, le 31 mai, une procession partant de l’église Saint-Etienne-des-Abyssins, la plus vieille du Vatican, arrive à la grotte, où se déroule une veillée de prière pour clôturer le ›mois de Marie’. En 2008, pour le 150e anniversaire des apparitions, les reliques de sainte Bernadette ont été menées pour la première fois devant la grotte, lors d’un petit pèlerinage organisé par la communauté catholique française de Rome.
La large esplanade située face à la grotte est souvent le lieu de cérémonies. C’est ici que Benoît XVI avait reçu le président américain Georges W. Bush, en 2008, pour un concert. Dans les années 1930, c’est là qu’avait lieu la prestation de serment de la garde suisse pontificale. Le pape François y a également organisé en juillet 2013 un dîner pour les pauvres. (apic/imedia/cd/mp)
Encadré
Série sur les lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’
On pourrait croire que le Vatican se limite à la place et à la basilique Saint-Pierre. Pourtant, avec ses 44 hectares de terrain, l’Etat de la Cité du Vatican possède tous les attributs d’un Etat à part entière. Plus petit Etat au monde – quatre fois moins que la principauté de Monaco -, il est composé de bâtiments, de cours, de petites places, de quelques rues et de jardins.
Ainsi le Vatican possède une gare, des magasins, des tribunaux, une radio, et nombre de services utiles aux quelque 900 résidents et 2800 employés, ainsi qu’au rayonnement du Saint-Siège. Des lieux qui ont tous leur histoire, souvent postérieure à la signature des Accords du Latran, en 1929, entre Benito Mussolini et le cardinal Pietro Gasparri.
Mais le territoire du Vatican s’étend également au-delà de ses 3,2 kilomètres de frontières. Il s’agit des palais extraterritoriaux, du ›Vatican-hors-les-murs’, dont le plus important est la résidence d’été des papes à Castel Gandolfo, ainsi que les basiliques majeures et certains bureaux de la curie.
Au fil des semaines à venir, l’agence I.MEDIA proposera de retrouver un de ces lieux emblématiques du ›Vatican méconnu’ parmi lesquels la Maison Sainte-Marthe, nouveau cœur du Vatican ; le Palais du Gouvernorat, siège des services généraux, techniques et économiques ; la gare ferroviaire, devenue magasin de luxe ; la reproduction de la Grotte de Lourdes où les papes aiment à se recueillir ; le monastère Mater Ecclesiae où s’est retiré Benoît XVI (2005-2013) ou encore la Casina Pio IV, siège de l’Académie pontificale des sciences. (apic/imedia/cd/rz)