Le Vatican fête les 400 ans de la plus ancienne ambassade du monde
Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, a présidé une messe pour l’Espagne le 12 octobre 2022 afin de célébrer les 400 ans de l’établissement de l’ambassade d’Espagne, la plus ancienne du monde, dans le palais qu’elle occupe encore aujourd’hui à Rome.
Avec Jesús Colina
C’est sous les ors des caissons de la basilique Sainte-Marie-Majeure – offerts par les souverains «Très Catholiques» au pape espagnol Alexandre VI (1492-1503) – que le secrétaire d’État a célébré l’Eucharistie le jour de la fête nationale espagnole.
En présence des membres du corps diplomatique, il a rendu hommage à la décision politique pionnière des rois d’Espagne, qui inaugura la riche histoire diplomatique du Saint-Siège. La mission diplomatique permanente du Royaume d’Espagne auprès du Saint-Siège a été établie en 1480 – et est donc la plus ancienne du monde encore existante. Aujourd’hui, ce sont 183 États qui entretiennent des relations diplomatiques avec le plus petit État du monde.
L’ambassade d’Espagne siège encore aujourd’hui dans le palais Monaldeschi. Jusqu’en 1622, l’ambassadeur d’Espagne ne disposait pas d’une résidence permanente. Il choisit d’établir celle-ci sur une place située en plein cœur de la Ville Éternelle qui, en hommage, fut plus tard baptisée place d’Espagne et est aujourd’hui un haut lieu touristique.
L’Espagne face à la sécularisation
Le cardinal Parolin a rappelé la longue histoire du christianisme espagnol, rappelée chaque 12 octobre à l’occasion de la fête de l’apparition mariale de la «Vierge du Pilier» à l’apôtre Jacques, évangélisateur de la Péninsule ibérique, survenue en l’an 40 à Saragosse. Le 12 octobre, a-t-il rappelé, est aussi une date clé pour le monde hispanophone, puisqu’il s’agit de la date à laquelle Christophe Colomb découvrit l’Amérique en 1492. Cette date est commémorée dans de nombreux pays d’Amérique latine comme une journée des peuples autochtones.
Dans son homélie, le cardinal Parolin a cependant souligné le processus de sécularisation généralisée qui a frappé l’Espagne autrefois «très catholique» ces dernières décennies. «L’Espagne, comme tous les pays européens, est une réalité plurielle, où beaucoup ne se reconnaissent plus dans le christianisme», a-t-il concédé.
Au regard de cette évolution, il s’est demandé s’il est encore possible, comme le veut la tradition chaque 12 octobre, de demander la foi, l’espérance et la charité pour toute l’Espagne. «Si, d’un côté, cela nous attriste», a confié le Secrétaire d’État, «d’un autre côté, cela nous pousse à être des témoins crédibles de notre foi, car nous voulons que tous partagent la joie de l’Évangile».
Il a cependant appelé à prier «pour tous les Espagnols, sans offenser personne», présentant la foi comme une «ouverture à la dimension transcendante de la vie et aux valeurs spirituelles». L’espérance, a poursuivi le cardinal italien, peut être demandée «comme une tension vers un monde meilleur et comme une lutte pour y parvenir». Enfin, il a jugé qu’il était possible d’implorer Dieu pour la charité «comme une solidarité envers les plus nécessiteux et les plus vulnérables».
Appelant à un respect mutuel et à un dialogue entre croyants et non-croyants, il a donné comme objectif à l’Espagne la construction «d’une patrie pacifique, attentive au bien commun, respectueuse de la liberté religieuse et ouverte au monde».
L’ancienne porte-parole du gouvernement lit la Parole de Dieu
À la fin de la célébration eucharistique, l’ambassadrice d’Espagne auprès du Saint-Siège, María Isabel Celaá, a remercié le cardinal Parolin pour ses paroles, reconnaissant qu’en matière d’engagement pour la paix, le pape François était une «source d’inspiration» pour le monde.
L’ambassadrice, qui a été porte-parole du gouvernement du socialiste Pedro Sánchez entre 2018 et 2020 – avec rang de ministre – est devenue le temps de cette messe la «porte-parole» de la Parole de Dieu: elle a lu la première lecture de la messe devant l’assemblée. La diplomate est critiquée au sein de l’Église en Espagne pour avoir rédigé l’actuelle loi sur l’éducation. (cath.ch/imedia/cd/jc/rz)