Le Synode doit donner la priorité à la lutte contre les abus

«La réalité des abus sexuels dans notre Église doit être au cœur de l’agenda du Synode.» Dans une lettre sans concession remise le 9 octobre 2023 aux participants du Synode sur l’avenir de l’Église, la Commission pontificale pour la protection des mineurs critique les failles de l’Église dans la lutte contre les abus. Elle appelle à écouter des victimes durant ce mois de Synode qui bat son plein à Rome.

«Chaque jour semble apporter de nouvelles preuves d’abus, ainsi que de dissimulation et de gestion inappropriée de la part des responsables de l’Église dans le monde entier», s’attristent les 21 membres de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, dans une lettre de cinq pages adressée à l’assemblée synodale.

Ouvrant la congrégation générale dans la salle Paul VI du Vatican le 9 octobre, le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode, a annoncé aux 365 pères et mères synodaux la diffusion de cette lettre. Les membre de la Commission pontificale dirigée par le cardinal Sean O’Malley demandent «que la protection (des mineurs) soit considérée comme une priorité dans le Synode».

Une résistance inacceptable dans l’Église

Sans mâcher leurs mots, ils pointent du doigt «une Église incapable, voire même non disposée, à faire face à la réalité de ses actions». Ils s’inquiètent de «l’héritage tragique de comportements ignobles associés à des mouvements laïcs et autres, et à de nombreux domaines de la vie institutionnelle de l’Église». 

«Personne ne devrait avoir à implorer justice dans l’Église», assène encore la Commission en constatant «les tragiques carences dans les normes destinées à punir les abuseurs» et «la résistance inacceptable» au sein de l’Église. «Nous sommes très en retard», reproche-t-elle, blâmant «les lacunes dans les procédures», qui laissent les victimes dans l’ignorance des sentences rendues. 

«Personne ne devrait avoir à implorer justice dans l’Église»

«Nous demandons que l’abus sexuel dans l’Église imprègne vos discussions sur l’enseignement, le ministère, la formation et la gouvernance», peut-on lire dans cette lettre, qui enjoint les pères et mères synodaux «à consacrer du temps et de l’espace à l’intégration du témoignage des victimes dans (leur) travail».

Pour un système de réparation transparent

Pour les membres de la Commission, la réalisation de «systèmes de réparation transparents et accessibles pour les fautes commises par les ministres de l’Église» sera «la marque du succès du Synode». 

La Commission pontificale pour la protection des mineurs, créée par le pape François en 2014, s’est réunie en assemblée plénière du 20 au 22 septembre derniers. Elle a vécu ces derniers mois une crise interne après la démission brutale d’un des membres, le Père Hans Zollner, parti en pointant du doigt de graves défaillances. (cath.ch/imedia/lb)