Le suicide n'est pas un soin de santé, rappellent les évêques du Canada

Le suicide n’est pas un soin de santé, rappellent les évêques du Canada. Réagissant le 26 février 2016 au rapport du comité spécial de députés et de sénateurs intitulé «L’aide médicale à mourir: une approche centrée sur le patient» publié la veille, la Conférence des évêques catholiques du Canada (CECC) réitère sa ferme opposition au suicide assisté.

Le comité recommande d’autoriser l’aide à mourir aux patients atteints de maladies terminales ou non terminales mais graves, irrémédiables et qui causent des souffrances persistantes et intolérables. Jody Wilson-Raybould, nouvelle ministre libérale de la Justice, a annoncé le 26 février 2016 que le Parlement canadien adopterait d’ici le 6 juin une loi pour autoriser l’aide médicale à mourir.

Le suicide assisté accessible aux adolescents?

Le rapport, note la CECC, recommande notamment: Que le suicide assisté soit accessible aux personnes atteintes d’une maladie psychiatrique; que les souffrances psychologiques soient au nombre des critères ouvrant droit au suicide assisté; que d’ici environ trois ans le suicide assisté soit accessible aux adolescents et peut-être également aux enfants qui pourraient être considérés comme des «personnes mineures matures»; que tous les professionnels de la santé soient tenus à tout le moins d’»aiguiller correctement» les patients qui demandent le suicide assisté; que tous les établissements de santé subventionnés par l’Etat au Canada offrent le suicide assisté.

Le rapport n’indique pas comment les soins palliatifs et les soins à domicile peuvent offrir de véritables options aux personnes qui sont tentées par le suicide, et il ne demande pas de plan national pour prévenir les suicides, déplore la CECC. Au Canada, le taux de suicide est sept fois plus élevé chez les jeunes des Premières Nations que chez les jeunes non-Autochtones, alors que le taux de suicide chez les jeunes Inuit est parmi le plus élevé au monde, à 11 fois la moyenne nationale canadienne.

Longue lutte des évêques contre l’euthanasie

«L’enseignement de l’Eglise catholique et la position des évêques catholiques du Canada sont clairs. Le suicide n’est pas un soin de santé. Tuer les personnes souffrant de maladies physiques ou mentales, qu’elles soient jeunes ou âgées, est contraire à la sollicitude et à l’amour pour nos frères et sœurs», écrit Mgr Douglas Crosby, évêque de Hamilton et président de la Conférence des évêques catholiques du Canada.

Pour les évêques du Canada, qui luttent contre l’euthanasie depuis des années, «la dignité de la personne humaine et l’épanouissement de la communauté humaine exigent : 1) la protection et le respect de chaque vie humaine de la conception à la mort naturelle; et 2) la liberté de conscience et de religion pour chaque personne et pour chaque établissement. Le bien-être social, la sécurité personnelle et le bien commun – accompagnés de la foi religieuse – signifient protéger la vie de ceux et celles qui souffrent et non de la menacer».

Dans la logique d’une société du «jetable»

Les recommandations du comité parlementaire et l’idée maîtresse du rapport ne sont absolument pas «centrées sur le patient». Pour les évêques canadiens, «elles ne soutiennent et n’aident en aucun point les mourants et les personnes vulnérables». Pour reprendre les mots du pape François, les recommandations du rapport suivent l’approche d’une société du «jetable». Elles ne révèlent pas «le visage de la miséricorde de Dieu».

«Avec mes frères évêques, catholiques et orthodoxes, et avec les dirigeants des communautés religieuses protestantes évangéliques, juives et musulmanes, et plusieurs autres croyants et non-croyants, je vous exhorte de faire savoir à vos représentants élus pourquoi l’euthanasie, le suicide assisté et les recommandations susmentionnées sont complètement inacceptables», poursuit le président de la CECC.


 

En février 2015, la Cour suprême du Canada avait invalidé l’article du Code criminel interdisant à un médecin d’aider quelqu’un à s’ôter la vie dans des circonstances bien précises. La plus haute cour du pays avait estimé contraire à la Charte canadienne des droits et libertés – par conséquent inconstitutionnel – une prohibition totale de l’aide médicale à mourir.

Le tribunal a donné jusqu’au 6 juin 2016 pour présenter un projet de loi reconnaissant le droit aux adultes clairement consentants qui endurent des souffrances physiques ou mentales intolérables à demander de l’aide médicale pour mettre fin à leurs jours.

Au Québec, l’aide médicale à mourir

La loi autorisant le recours au suicide assisté, en cas de maladie incurable et de fin de vie, à la demande exclusive du patient, est déjà entrée en vigueur au Québec l’an dernier. L’Assemblée des évêques catholiques du Québec est intervenue à maintes reprises, au cours du débat entourant le projet de loi 52 sur l’aide médicale à mourir, pour redire sa conviction profonde — qui est celle de l’Eglise catholique — que «la vie humaine doit être protégée et respectée jusqu’à sa fin naturelle».

Dans leur déclaration du 6 février 2015, les évêques du Québec soulignent que l’»aide médicale à mourir» ne doit pas être considérée comme une option. Ils plaident que l’on offre de véritables soins palliatifs pour les personnes qui vivent une longue et difficile agonie, dans de grandes souffrances physiques et psychologiques.

Pour les catholiques du Québec, c’est là «l’occasion d’affirmer notre foi et de promouvoir nos convictions (…) dans une société dont les valeurs dominantes sont parfois différentes de celles que nous chérissons», écrit Mgr Paul Lortie, évêque du diocèse de Mont-Laurier et président de l’Assemblée des évêques catholiques du Québec.

Plus de référence à Dieu ou à l’Evangile

«Ce débat a fait surgir des questions fondamentales qui sont parmi les plus délicates et les plus difficiles. Qu’est-ce que la compassion? Qu’est-ce vraiment que la dignité? Qu’est-ce, en vérité, que vivre et mourir dans la dignité? Comment apporter soutien et réconfort aux grands malades incurables le plus humainement possible? Comment accompagner avec empathie ceux et celles qui vont mourir? Comment se préparer soi-même aux dernières étapes de cette vie et à la mort? Sur ces enjeux, bon nombre des opinions, des idées et des propositions qui circulent maintenant dans notre milieu ne font référence ni à Dieu, ni à l’Evangile de Jésus-Christ, ni à la foi de l’Eglise».

C’est dans cette perspective que les évêques du Québec présentent le dossier «Approcher de la mort avec le Christ, à la lumière de la Parole de Dieu».  (cath.ch-apic/com/be)

 

2% des décès en Belgique sont des euthanasies
27 février 2016 | 12:16
par Jacques Berset
Temps de lecture : env. 4  min.
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