Le Secrétaire d’Etat américain critique l’accord Chine-Saint-Siège
L’accord sino-vatican de 2018 a «semé la confusion parmi les catholiques chinois» et ne les a pas protégé, a déclaré Michael Pompeo, secrétaire d’Etat américain, dans une tribune publiée par la revue catholique conservatrice américaine First Things le 18 septembre 2020.
Alors que le Saint-Siège et la Chine s’apprête à renouveler l’accord historique de 2018 sur la nomination des évêques, le ministre américain des affaires étrangères a publiquement plaidé contre la stratégie diplomatique du Vatican. Se posant en défenseur de la liberté religieuse dans le monde, il en appelé au «témoignage moral» du pape contre le régime chinois.
«Face à l’athéisme de plus en plus agressif des autorités chinoises», a affirmé Mike Pompeo, le Saint-Siège a le devoir d’«attirer l’attention du monde sur les violations des droits de l’homme, en particulier celles perpétrées par des régimes totalitaires comme celui de Pékin». Il a fustigé l’accord sino-vatican de 2018 qui, selon lui, a «semé la confusion parmi les catholiques chinois». Deux ans après, l’accord – dont les termes sont restés secrets – «n’a pas protégé les catholiques des déprédations du Parti».
Les méfaits de la sinisation des religions
«La situation des droits de l’homme en Chine s’est gravement détériorée sous le régime autocratique de Xi Jinping», affirme encore l’homme politique, dénonçant le programme de sinisation mis en place par Pékin. En la matière, il a énuméré les nombreux «traitements horribles» qu’il impute à la Chine, notamment «une politique de stérilisation et d’avortement forcés de la population ouïghoure dans le Xinjiang, les abus contre des prêtres et des laïcs catholiques et les attaques contre les églises protestantes».
«Les autorités communistes continuent de fermer les églises, d’espionner et de harceler les fidèles», a expliqué l’Américain. Par peur, a-t-il insisté, «beaucoup refusent de pratiquer leur foi dans des lieux de culte sanctionnés par l’Etat», faisant référence au sort de l’église souterraine, interdite et martyrisée par le gouvernement.
La Chine veut «subordonner Dieu au Parti»
Mike Pompeo a cité l’exemple du Père Paul Zhang Guangjun, «qui a été battu et a ›disparu’ pour avoir refusé de rejoindre l’Association catholique patriotique» – l’Eglise officielle reconnue par Pékin. Le républicain a aussi publiquement dénoncé l’action anti-démocratique menée par la Chine populaire à Hong Kong depuis le printemps, en particulier les arrestations nombreuses effectuées au nom de la sécurité.
Face à un gouvernement chinois qui veut «subordonner Dieu au Parti» communiste, et va jusqu’à faire de Xi Jinping une «divinité extraordinaire», le peuple chinois a besoin du témoignage moral et de l’autorité du Vatican pour soutenir les croyants de la Chine». Rappelant le rôle joué par le Saint-Siège sous le pontificat de Jean-Paul II contre le bloc de l’Est ou les tyrannies d’Amérique centrale ou latine, il a demandé à ce que le Saint-Siège défende la liberté religieuse comme «le premier des droits civils».
«La vérité vous libérera»
«Si le Parti communiste chinois parvient à mettre au pas l’Eglise catholique et les autres communautés religieuses, a-t-il enfin prévenu, les régimes qui méprisent les droits de l’homme seront enhardis et le coût de la résistance à la tyrannie augmentera pour tous les courageux croyants religieux qui honorent Dieu au-dessus de l’autocrate du jour».
L’homme politique américain a conclu sa tribune par une citation de l’Evangile de saint Jean: «La vérité vous libérera». (cath.ch/imedia/cd/bh)