Le secrétaire de Benoît XVI décrit sa lettre comme un «testament spirituel»
La lettre du pape émérite rendue publique le 8 février 2022 «est à l’image de sa pensée, de ses sentiments, de sa sincérité morale et intellectuelle», assure Mgr Georg Gänswein, secrétaire personnel de Benoît XVI, dans un entretien au journal italien Il Corriere della Sera, le 9 février 2022.
«Pendant qu’il l’écrivait, il pensait aux victimes des abus. Et face à lui, devant ses yeux, il avait Dieu lui-même», assure Mgr gänswein, secrétaire de Benoît XVI, qui présente ce texte comme un «testament spirituel».
«Un homme peut tromper les autres personnes, mais on ne peut pas tromper Dieu», assure Mgr Gänswein, revenant sur la confusion autour de la participation du cardinal Ratzinger à une réunion durant laquelle le cas d’un prêtre en thérapie pour des faits de pédophilie, et hébergé dans le diocèse bavarois, avait été abordé.
Dans le cadre du rapport d’enquête publié le 20 janvier 2022, la déposition des experts chargée de défendre le pape émérite indiquait que l’archevêque de Munich de l’époque était absent de cette réunion, avant que cette information ne soit rectifiée le 24 janvier. Ce changement avait provoqué un intense débat médiatique sur la fiabilité du témoignage de Benoît XVI.
Une erreur rédactionnelle, non intentionnelle
«On doit faire la distinction entre commettre une erreur et mentir», explique Mgr Gänswein. Évoquant une erreur rédactionnelle, et non intentionnelle, il reprend à son compte les propos récemment tenus par le cardinal Filoni dans L’Osservatore Romano. Celui qui fut le substitut de la Secrétairerie d’État de 2007 à 2011, figurant donc parmi les plus proches collaborateurs de Benoît XVI durant cette période marquée par de nombreuses révélations sur des affaires d’abus, avait assuré n’avoir «jamais trouvé en lui aucune ombre ou tentative de cacher ou de minimiser quoi que ce soit».
«Il a été le premier à agir comme cardinal, et ensuite il a poursuivi la ligne de transparence en tant que pape», rappelle Mgr Gänswein. Il précise que, durant le pontificat de Jean Paul II, celui était alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi «a changé la mentalité courante et imposé la ligne que le pape François est en train de poursuivre».
Le plus proche collaborateur de Benoît XVI depuis 19 ans dénonce l’existence d’un courant hostile à «sa personne, sa théologie, son pontificat», qui veut lui «régler ses comptes» , comme «la recherche d’une damnatio memoriae». «Malheureusement, beaucoup se laissent piéger par cette attaque vile, il y a beaucoup de ‘boue’. Une chose triste», s’insurge-t-il.
Concernant l’état de santé du pape émérite, Mgr Gänswein reconnaît qu’il a les fragilités naturelles d’un homme de près de 95 ans, mais il assure que «sa faiblesse physique ne retire rien à sa présence spirituelle et intellectuelle».
Benoît XVI espère que sa lettre sera lue «avec la même sincérité d’intelligence et de cœur avec laquelle elle a été écrite, le regard tourné vers le Seigneur», explique son secrétaire. (cath.ch/imedia/cv/bh)