Le SAPEC «indigné et inquiet» par la réhabilitation de Gilles Roduit
Le groupe SAPEC (Soutien aux personnes abusées dans une relation d’autorité religieuse) assure de son «indignation» face au retour de Gilles Roduit dans sa fonction de curé de St-Maurice (VS). Ce dernier avait été écarté en novembre 2023 suite à des accusations d’abus sexuels, avant d’être replacé par le diocèse de Sion, début mai 2024.
«Notre indignation est profonde face à l’attitude de Gilles Roduit. Elle l’est tout autant, accompagnée d’une grande déception face à Mgr Lovey qui a cédé au chanoine sous la pression de sa grève de la faim entamée le 3 mai dernier dans la Chapelle du Scex», affirme le groupe SAPEC dans un communiqué du 14 mai 2024.
Le chanoine de l’Abbaye de St-Maurice Gilles Roduit avait été suspendu de ses fonction de curé de la bourgade valaisanne en novembre 2023. Cette décision faisait suite à la diffusion de l’émission de la RTS Mise au point relevant plusieurs affaires d’abus sexuels touchant des chanoines. L’émission avait donné le témoignage non-anonyme et à visage découvert d’une femme affirmant avoir été victime d’attouchements de la part de Gilles Roduit alors qu’elle avait 12 ans, au début des années 2000.
Le diocèse de Sion avait alors demandé que le chanoine se mette en retrait de ses fonctions de curé-doyen du secteur de St-Maurice, justifiant du «profond désarroi» causé dans la communauté par ces affaires.
Une affaire juridiquement classée
Début mai 2024, la presse a été mise au courant d’une grève de la faim entamée par Gilles Roduit, qui exigeait d’être réintégré dans ses fonctions. Une demande à laquelle le diocèse de Sion a souscrit le 9 mai. En février dernier, l’Abbaye de St-Maurice avait communiqué à propos de «la certitude objective que la cause défendue est [juridiquement, ndlr] classée et qu’il n’y aura aucun recours».
Le groupe SAPEC estime pour sa part que le diocèse a «cédé à la pression» exercée par Gilles Roduit. L’association rappelle que «le non-lieu ne signifie pas que la personne accusée est innocentée. Simplement, la justice ne peut pas trancher selon la loi et ne va pas la poursuivre pour crime ou infraction par un procès».
Admettant que «le doute profite à l’accusé», le SAPEC relève que «si l’affaire se déroulait aujourd’hui, les choses se passeraient certainement différemment». Le groupe note les modifications du code pénal en la matière, ainsi que la crédibilité de la plaignante, rappelant que les fausses accusations d’abus venant d’enfants sont très rares.
Un mauvais signal aux victimes?
L’association reproche également au diocèse de ne pas avoir assez pris en compte les critères pastoraux ainsi que le signal que la mesure envoie: »En restant aux conclusions actuelles de la justice pénale, l’Eglise du Valais oublie que d’un autre côté, elle n’a cessé de répéter: ‘Victimes, annoncez-vous’, et elle envoie, implicitement, un message opposé.» »Comment des victimes peuvent encore avoir le courage de témoigner quand l’Église du Valais montre une telle incohérence?», conclut le communiqué, signé du président du groupe SAPEC Jacques Nuoffer et de la vice-présidente Marie-Madeleine Zufferey-Sudan. (cath.ch/com/rz)