Le prochain évêque de Coire doit être une «figure d'unification»
Mgr Vitus Huonder, évêque de Coire, prendra sa retraite canonique en avril 2019. Pour Martin Kopp, vicaire général de Coire pour la Suisse centrale, le nouvel évêque devra impérativement représenter un élément d’unification dans un diocèse divisé.
«Une seule voie est possible», affirme Martin Kopp dans les bulletins de février 2019 des cantons d’Obwald et d’Uri/Schwytz. «Nous avons besoin d’un évêque qui rassemble, qui intègre, qui bâtit des ponts et qui laisse ainsi le diocèse respirer», déclare le vicaire général. Le diocèse de Coire est en effet en prise, depuis des années, à de profondes dissensions entre les franges progressistes et conservatrices qui y cohabitent. Certaines prises de position de Mgr Huonder, tenant de l’aile conservatrice, notamment sur l’homosexualité, la contraception ou l’avortement ont cristallisé les tensions.
Le nouvel évêque doit donc s’engager pleinement dans son rôle de pasteur, estime Martin Kopp. «Non pas en forçant les brebis à entrer dans l’enclos, mais en les accompagnant, même quand celles-ci se sont éloignées dans les périphéries. Où le pape François nous enjoint également à les rechercher».
Racines post-conciliaires
Le vicaire général rappelle que les divisions dans le diocèse ne sont pas nouvelles. Elles trouvent leurs racines selon lui dans les réactions face au Concile Vatican II, qui s’est terminé en 1965. «Si nous analysons attentivement ce qui s’est passé dans les années qui ont suivi le Concile, nous constatons que même en Suisse, une minorité des fidèles était devenue de plus en plus sceptique, relève-t-il. Cela est dû notamment au fait qu’en pratique, dans les principes et les idées, certains fidèles ont été au-delà des buts du Concile, dépassant pour ainsi dire le Concile ‘par sa gauche’».
«L’intégration consiste à convaincre, non pas d’abord à argumenter»
Sur ces dissensions post-conciliaires, est survenue, en 1990, la nomination, à la tête de l’évêché de Coire, de Mgr Wolfgang Haas. En raison de son attitude conservatrice, il s’est heurté à une opposition virulente dans le diocèse et à de nombreuses demandes de démission. Le Vatican résolut finalement la question en séparant, en 1997, le Liechtenstein du diocèse de Coire, pour ériger la principauté en archidiocèse et y placer Mgr Haas à sa tête.
En 1998, Mgr Amédée Grab a remplacé Mgr Haas comme évêque de Coire. «C’est ainsi que nous avons assisté à un timide nouveau départ», se souvient Martin Kopp. «Ce que j’ai trouvé vraiment bénéfique à l’époque, c’était une grande bienveillance de la part de l’évêque [Mgr Grab], qui, d’après ce que j’ai pu constater, s’appliquait à tous».
Retour des conservateurs
Suite au départ à la retraite de Mgr Grab, en 2007, la frange progressiste du diocèse a assisté avec stupeur à la nomination de Mgr Vitus Huonder, ancien proche collaborateur de Mgr Haas. «Aucun observateur attentif ne peut prétendre que cette évolution [entamée par Mgr Grab, ndlr.] s’est poursuivie au cours des dix dernières années, observe Martin Kopp. Une coexistence dans la diversité n’était pas souhaitée, il s’agissait plutôt de la mise en place d’une orientation partisane bien définie, dans laquelle la grande majorité des fidèles ne voulait évidemment pas s’engager».
«Beaucoup ont dit: la situation qui existait du temps de l’évêque Haas se répète, mais beaucoup plus tranquillement, souvent dans le silence et l’indifférence complète. Aujourd’hui, il me semble que l’aliénation est devenue plus profonde, soutient le vicaire. Egalement parce qu’aucun dialogue n’est plus souhaité ni possible, pas même dans les conflits».
Donner de la confiance
Le vicaire espère donc l’arrivée d’une personnalité pour laquelle «l’intégration n’est en aucun cas liée au respect de la discipline ou à la ‘ligne’ souhaitée. L’intégration consiste à convaincre, non pas d’abord à argumenter. Il s’agit de faire confiance, et d’une confiance qui doit être d’abord donnée avant d’être reçue en retour».
«Nous ne pouvons plus nous permettre le luxe de conserver ces factions ecclésiales, ni le ‘diocèse à parti unique’», conclut Martin Kopp. Il s’agit d’installer, selon lui, «une diversité reconnue et appréciée des croyances et des spiritualités, toutes fondées sur l’Evangile et le Nouveau Testament dans sa globalité». (cath.ch/kath/com/rz)