Le procès pour extorsion des Légionnaires du Christ va commencer
Le procès qui vise les Légionnaires du Christ en Italie a été autorisé à démarrer. Des prêtres et des avocats de la congrégation catholique sont accusés d’avoir tenté de payer la famille d’une victime d’abus sexuel pour qu’elle mente aux procureurs.
L’audience préliminaire du procès, qui s’est déroulée le 16 février 2021 à Milan, a été retardée de près d’un an en raison de la pandémie de coronavirus. La juge Patrizia Nobile y a confirmé les accusations de tentatives d’extorsion et d’obstruction à la justice visant des membres des Légionnaires du Christ. Elle a fixé au 13 mai 2021 la date du procès, dans lequel cinq personnes seront sur le banc des accusés, rapporte l’AP.
La justice italienne a confirmé en juillet 2020 la peine de six ans et demi de prison pour Vladimir Resendiz. Ce prêtre de la congrégation, renvoyé de l’état clérical, a abusé sexuellement de garçons au séminaire de jeunes des Légionnaires, dans le nord de l’Italie.
Une affaire déclenchée en 2013, lorsqu’une des victimes de Vladimir Resendiz s’est confiée à son thérapeute au sujet des abus subis alors qu’il était étudiant au séminaire. Le thérapeute a informé les autorités policières, qui ont ouvert une enquête.
15’000 euros pour mentir
A ce moment-là, les Légionnaires du Christ étaient en plein marasme, suite aux révélations sur leur fondateur, le prêtre mexicain Marcial Maciel, reconnu coupable d’agressions sexuelles, de détournement de fonds, de dérive sectaires, d’inceste et d’autres méfaits. Le Vatican avait alors soumis l’ordre à un processus de rénovation. Les avocats de la partie civile dans le procès italien ont souligné qu’une nouvelle affaire d’abus sexuels était la dernière chose que les Légionnaires voulaient, du moment qu’ils espéraient retrouver une indépendance vis-à-vis de Rome.
Ainsi, selon les procureurs, la direction de la «Légion» en Italie, avec leurs avocats, ont offert, en octobre 2013, 15’000 euros à la famille de la victime, en échange d’un accord de règlement selon lequel le fils devait démentir avoir été abusé par Vladimir Resendiz. L’accord stipulait que si les membres de la famille étaient appelés à témoigner, ils devaient revenir sur les déclarations faites aux procureurs. Mais la mère de la victime, Yolanda Martinez, a refusé de signer. Quelques mois plus tard, les Légionnaires sont revenus avec une nouvelle offre, en reconnaissant les abus commis, mais en exigeant de la famille qu’elle rembourse le double des 15’000 euros si quelqu’un violait l’accord de confidentialité.
Le délégué pontifical parmi les dissimulateurs
Pour les procureurs, cette démarche équivaut à une tentative d’extorsion et d’obstruction à la justice. La famille demande des dommages et intérêts non spécifiés en tant que partie civile dans l’affaire.
Vladimir Resendiz a été repéré pour la dernière fois au Mexique, son pays natal. Une demande d’extradition pourrait être lancée contre lui.
Le scandale pourrait également avoir des répercussions sur la rénovation en tant que telle, puisque le délégué pontifical en charge du processus a participé aux tentatives de dissimulation, indique l’AP. (cath.ch/ap/rz)