Le premier ministre indien Narendra Modi suit une ligne nationaliste hindoue  | © Wikimedia/Prime Minister's Office
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Le Premier ministre indien Narendra Modi à la célébration de Noël 

La présence du Premier ministre Narendra Modi aux célébrations de Noël au siège de la Conférence des évêques catholiques de l’Inde (CBCI), le 23 décembre 2024, a été diversement reçue par les chrétiens du pays. Si officiellement on salue son intérêt pour les communautés minoritaires, d’autres dénoncent les persécution subies par les chrétiens dans le pays.

«Les enseignements du Christ célèbrent l’amour, l’harmonie et la fraternité. Il est important que nous travaillions tous à renforcer cet esprit. Cependant, je suis peiné lorsque des tentatives sont faites pour répandre la violence et perturber la société», a déclaré Narendra Modi lors de l’événement.« Il est essentiel que nous nous rassemblions pour lutter contre de tels défis», a-t-il ajouté, évoquant l’attentat contre un marché de Noël à Magdebourg, en Allemagne.

Le Premier ministre a également déclaré que la communauté chrétienne faisait partie de la nation et que l’Inde ne se développera et ne progressera rapidement que si chaque citoyen avance avec les autres, indépendamment de sa caste, de sa religion ou de sa situation financière.

200 responsables chrétiens dénoncent les persécutions

Une déclaration de près de 200 responsables chrétiens s’est opposée à la visite de Modi à l’événement de Noël. Ce texte rappelle que Narendra Modi est à la tête du Bharatiya Janata Party (BJP), qui entretient des liens étroits avec le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), une organisation militante nationaliste hindoue responsable de nombreuses exactions contre les chrétiens.

Les minorités religieuses se plaignent d’un harcèlement accru depuis que le BJP a pris le pouvoir en 2014 sur la base d’un programme privilégiant l’hindouisme. «Il est surprenant qu’en dépit de la persécution croissante des chrétiens, des membres éminents de la hiérarchie chrétienne aient choisi de s’engager avec le Premier ministre Modi, critiqué pour son inaction dans la protection des droits des chrétiens», peut-on lire dans la déclaration. »De janvier à novembre 2024, l’Inde a enregistré 745 incidents contre des citoyens chrétiens attaqués pour leur foi», ajoute le texte.

Le nationalisme hindou

«L’une des principales raisons de cette hausse alarmante de la persécution est la résurgence du nationalisme hindutva, qui a conduit à une augmentation du sentiment anti-minorités, ciblant particulièrement les chrétiens et les musulmans», poursuit la déclaration. «Les gestes symboliques ne permettent guère de résoudre le problème de la haine générée à l’encontre de la communauté et de la violence ciblée, du harcèlement, des arrestations et des incidents d’ostracisme qui en résultent dans plusieurs régions du pays», ajoute le communiqué.

Les évêques catholiques pour un message de paix

Pour les évêques catholiques il est néanmoins important d’établir un dialogue avec la majorité hindoue de la nation. «Noël est une période où nous nous rassemblons pour célébrer le message de paix, d’amour et de bonne volonté que nous apporte la naissance de Jésus-Christ, le Prince de la paix. Ce rassemblement est un symbole puissant de l’unité et de l’harmonie qui définissent l’esprit de l’Inde. Monsieur le Premier ministre, votre vision d’une Inde unie et progressiste fait écho aux valeurs évangéliques d’inclusion et de service à tous», a déclaré l’archevêque Andrews Thazhath de Thrissur, de l’Église catholique syro-malabare.

Le prélat n’a cependant pas manqué de «porter à votre attention les préoccupations de ceux qui ont été pris pour cible par des éléments marginaux antisociaux. Ces incidents de violence et de discrimination ne nuisent pas seulement aux personnes concernées, mais perturbent également l’harmonie et l’unité que vous vous efforcez inlassablement de maintenir.» (cath.ch/crux/mp)

Le premier ministre indien Narendra Modi suit une ligne nationaliste hindoue | © Wikimedia/Prime Minister's Office
27 décembre 2024 | 09:43
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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