Russie: Un conte de Pouchkine censuré par l’Eglise orthodoxe

Le pope est devenu marchand

Moscou, 4 mars 2011 (Apic) Le «Conte du pope et de son serviteur Balda», de l’écrivain Alexandre Pouchkine, a été censuré par l’Eglise orthodoxe, a annoncé le Patriarcat de Moscou, le 2 mars 2011. Dans une nouvelle version épurée, datant de l’époque tsariste et publiée par le synode régional de la Sainte-Trinité d’Armavir, le «pope» présent dans ce conte anticlérical a été remplacé par un personnage plus adéquat, a indiqué «The Moscow Times», le 1er mars 2011, sur son site internet.

Le «Conte du pope et de son serviteur Balda» raconte comment un serviteur tourne en ridicule son maître, un prêtre radin, qui le paie en le frappant. Dans la nouvelle version publiée par le synode de la Sainte-Trinité d’Armavir, dans la région de Krasnodar (sud), le mot «pope» a été remplacé par «marchand», jugé plus «adéquat», a confirmé à l’AFP Vladimir Viguilanski, porte-parole du Patriarcat de Moscou.

Cette adaptation du conte de Pouchkine, écrit en 1830, avait déjà été publiée par son maître spirituel, le poète Vassili Joukovski, trois ans après la mort de son élève. Joukovski y avait remplacé le pope par un marchand, afin de contourner la censure tsariste et de sauver l’œuvre du célèbre écrivain, a rappelé Vladimir Viguilanski. La version originale, racontant les mésaventures d’un pope, était quant à elle au programme scolaire sous le régime soviétique, farouchement athée.

Déjà censuré en 2006

Le nouvelle mouture, tirée à 4’000 exemplaires, a été bénie par l’évêque de la région et a été recommandée pour l’enseignement. «Cette version ne contredit pas les idées de l’Eglise orthodoxe, contrairement à celle de Pouchkine», a défendu sur la chaîne NTV le Père Filip, à l’origine de cette publication. Selon lui, la nouvelle génération russe a le droit de connaître les deux versions.

En septembre 2006, une première du «Conte du pope et de son serviteur Balda», au théâtre d’opéra et de ballet de la République russe de Komi (Grand Nord), avait dû être annulée, faute de bénédiction de l’Eglise. (apic/moscowtimes/ag/nd)

4 mars 2011 | 09:59
par webmaster@kath.ch
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