Rome: Le passé du cardinal Jorge Mario Bergoglio rattrape le pape François
Le Père Bergoglio a-t-il été ’complaisant’ avec la dictature en Argentine ?
Fribourg, le 14 mars 2003 (Apic) A peine élu, le pape François fait déjà l’objet d’une polémique. Les médias commencent ce 14 mars 2013 à s’intéresser de près au passé de Jorge Mario Bergoglio. Pendant la dictature en Argentine à la fin des années 1970, le pape actuel, alors provincial des jésuites d’Argentine, aurait gardé le silence sur les exactions commises par le régime du général Jorge Rafael Videla.
Pour le Père Albert Longchamp, jésuite et directeur de la revue «Choisir», à Genève, la ’complaisance’ du Père Bergoglio envers la dictature argentine est un point qu’il faudra très rapidement éclaircir. «Je voudrais bien savoir quels conflits il y a eu à l’époque entre les jésuites d’Argentine et le Père général de Rome», se demande le Père Longchamp. Mais, selon le jésuite, il faut savoir que «l’Eglise catholique à Rome, au moment où les affaires ont éclaté publiquement dans les années 2000, et en particulier Benoît XVI, a vu d’un très mauvais œil l’indifférence des autorités ecclésiastiques argentines face aux exactions de la dictature militaire».
Les heures noires de l’Argentine
En 2012, les évêques argentins, accusés par les historiens de leur pays d’avoir gardé le silence sur les exactions commises par le régime du général Jorge Rafael Videla, ont été forcés de reconnaître qu’ils avaient «échoué» à protéger les Argentins de la dictature. Qu’en est-il de Jorge Mario Bergoglio ? A-t-il, en tant que responsable des jésuites du pays, agi de la même manière que les évêques argentins ?
Mis en cause par le journaliste argentin très critique envers l’Eglise Horacio Verbitsky, dans son livre «Le Silence», publié en 2005, le nouveau pape a nié les accusations. Que lui reproche-t-on exactement ? Lorsque la dictature s’en est pris à deux de ses confrères, qui refusaient de s’arrêter de travailler dans les quartiers pauvres de Buenos Aires, le Père Bergoglio aurait fermé les yeux et laissé agir la police. Emmenés en prison, les deux jésuites y auraient été torturés. Pour étayer son récit, Horacio Verbitsky s’appuie sur le témoignage du prêtre Orlando Yorio, mort en 2000. Selon ce prêtre, l’ensemble des autorités ecclésiastiques de Buenos Aires aurait même aidé le régime à cacher aux enquêteurs des associations des droits de l’Homme l’existence de prisonniers politiques.
Dans son livre «L’honneur perdu des évêques argentins», ouvrage critique publié en 1987 sur la collaboration de prélats catholiques dans la pratique des disparitions forcées et de la torture sous la dictature, le Père Albert Longchamp ne cite pas le Père Bergoglio.
Un jésuite pour sortir de Rome
Par ailleurs, le Père Longchamp reconnaît que le nouveau pape François lui a fait une très bonne impression en raison de sa simplicité mercredi 13 mars après son élection au Vatican. Même s’il est étonné, voir «choqué» par ce choix, il salue l’audace des cardinaux d’avoir élu un pape d’un autre continent. Il se dit également «content que le souverain pontife soit un jésuite… pour sortir de Rome !». (apic/cw)