Le pays est dévasté par la guerre, les renvois sont «inexigibles»

Suisse: L’OSAR conteste le renvoi de requérants d’asile en Afghanistan

Berne, 10 novembre 2011 (Apic) La Suisse pourrait désormais renvoyer les requérants d’asile afghans déboutés également dans la ville d’Hérat, située dans l’ouest de l’Afghanistan. Dans un communiqué publié jeudi 10 novembre à Berne, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés OSAR considère de manière générale les renvois vers l’Afghanistan, un pays dévasté par la guerre, comme étant inexigibles.

«Cela est valable également pour la ville d’Hérat ainsi que pour la capitale, Kaboul», souligne l’OSAR, qui conteste ainsi la récente décision prise par le Tribunal administratif fédéral. Dans une décision de principe de juin 2010, le Tribunal administratif fédéral (TAF) considérait que les renvois vers l’Afghanistan étaient inexigibles, à l’exception des renvois vers la capitale, Kaboul, pour autant que de strictes conditions soient réunies.

Aggravation de la situation sécuritaire dans l’ouest du pays

Cette exception, qui permet les renvois vers Kaboul, s’est aujourd’hui développée et concerne désormais également la ville d’Hérat, située dans l’ouest de l’Afghanistan. «Et ce, malgré que le Tribunal reconnaisse une aggravation de la situation sécuritaire dans l’ouest du pays», souligne l’OSAR. La motivation de la décision mentionne que dans la province d’Hérat, le nombre d’incidents liés à la sécurité a augmenté. «Il apparaît dès lors encore plus surprenant que la ville soit considérée comme sûre pour les requérants d’asile déboutés».

A maintes reprises, l’OSAR a attiré l’attention sur l’aggravation de la situation sécuritaire et de la situation humanitaire qui prévaut dans tout le pays (février 2009 et juin 2010). Cette situation est également valable pour les provinces de l’ouest Hérat, Farah et Ghor. Dans le courant du mois de juin 2010, le nombre d’agressions dans la province d’Hérat a atteint une ampleur qui n’avait jamais été connue auparavant.

Contrairement aux explications du TAF, affirme l’OSAR, Hérat, la capitale de la province du même nom, est également à considérer comme non sûre. Par exemple on dénombre toujours des attentats sur la route qui mène à l’aéroport. A la fin du mois de septembre, l’ambassade américaine a interdit à son personnel d’emprunter ce tronçon. Le 29 septembre, deux policiers afghans et un civil ont été tué par une mine dans les environs de l’aéroport de Hérat. 10 autres personnes ont été blessées lors de l’explosion. Une autre attaque le 3 novembre dernier sur un fournisseur des troupes de l’OTAN, près du siège de l’OTAN vers l’aéroport, a coûté la vie à deux agents de sécurité afghans et 5 étrangers.

Les conclusions du TAF concernant la ville d’Hérat sont incompréhensibles

Au vu de la situation actuelle, les conclusions du TAF concernant la ville d’Hérat sont incompréhensibles, note l’OSAR. Considérant les conditions sécuritaires catastrophiques qui prévalent dans les grandes villes afghanes et la situation imprévisible dans tout le reste du pays, l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés réclame expressément que l’on s’abstienne de manière générale de renvoyer les personnes vers l’Afghanistan. Et de conclure: «Il est donc nécessaire d’adapter rapidement la pratique des renvois vers ce pays». (apic/com/be)

10 novembre 2011 | 17:29
par webmaster@kath.ch
Temps de lecture : env. 2  min.
Afghanistan (36), Berne (153), OSAR (19), suisse (251)
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