République démocratique du Congo: Après les conflits armés
Le pays confronté au casse-tête Mbororo
Kinshasa, 3 octobre 2010 (Apic) La République démocratique du Congo (RDC), déjà durement affectée par les nombreux conflits armés avec les pays voisins et les groupes rebelles, est confrontée à un nouveau casse-tête : la gestion de quelque 60’000 éleveurs nomades Mbororo ou peuhls, venus des pays du Sahel, à la recherche de pâturages pour leurs troupeaux.
La préoccupation des dirigeants du pays est telle, qu’ils ont saisi l’Union africaine (UA) qui s’est penchée sur la question la semaine dernière à son siège, à Addis-Abeba, en Ethiopie, a rapporté le quotidien congolais, «Le Potentiel».
Installés depuis huit ans dans le pays, les Mbororo en RDC proviennent du Cameroun, du Niger, du Nigeria, de la République Centrafricaine, du Soudan et du Tchad. Ces pays sont pourvoyeurs ou de transit des Mbororo, à la recherche d’espaces verts pour leurs troupeaux. Ils transhument leurs 100’000 taureaux, vaches et veaux dans les pâturages toujours verts du Nord-Est de la province Orientale de la RDC, provoquant parfois des affrontements avec les agriculteurs locaux dont les cultures sont ravagées par le bétail des Mbororo. Ils déciment les animaux sauvages des parcs congolais.
A ceux qui les considèrent comme des envahisseurs, ils répondent que les besoins de pâturage vert pour leur bétail est plus fort, plus prégnant que les lois nationales qui délimitent les frontières des Etats.
La semaine dernière, une délégation de députés et sénateurs congolais s’est rendue à l’UA pour discuter avec l’organisation continentale, les voies et moyens susceptible d’aider à mettre fin à la présence néfaste pour les populations du pays, des éleveurs nomades Mbororo.
Suite à cette rencontre, un rapatriement des «immigrants irréguliers» a été prévu dans leurs pays respectifs.
Mission délicate pour les experts de la délégation congolaise
La délégation congolaise a toutefois reconnu que sa mission était délicate, les «experts de l’UA arguant sans ambages que les Mbororo, étant africains, avaient droit à l’hospitalité sans bornes de la RDC pour ne pas devenir des apatrides».
En réponse, les officiels congolais ont rappelé que leur pays «se construit chaque jour pour devenir un Etat de droit. Comme tout pays, il a des procédures pour l’octroi de la nationalité. Or, les Mbororo ne sont ni réfugiés, ni demandeurs de nationalité».
Pour la presse congolaise, ils n’en sont pas à leur première intrusion en RDC. Déjà, avant 1960, le pays qui s’appelait alors Congo Belge, avait été envahi par ces nomades qui font fi des règles d’immigration. L’administration coloniale les expulsa en 1940. Revenus en 1988, ils ont été une nouvelles fois refoulés par les dirigeants du pays. (apic/ibc/js)