Le patriarche Béchara Raï plaide pour le droit d'appliquer la peine de mort
Alors que le pape François lançait, dimanche 21 février, à l’issue de la prière de l’Angélus, un nouvel appel pour l’abolition de la peine de mort au plan mondial, à Beyrouth, le patriarche Béchara Raï évoquait au même moment le droit de l’autorité publique d’appliquer la peine de mort.
Au cours de la messe qu’il présidait dimanche, le patriarche maronite a fait référence directe au Catéchisme de l’Eglise catholique, qui, dans son n° 2266, permet à l’autorité publique légitime de sévir par des peines proportionnées à la gravité du délit, «sans exclure dans des cas d’une extrême gravité la peine de mort».
Contre «l’apparente impunité qui entoure certains crimes»
Dans son homélie dominicale, écrit le quotidien libanais «L’Orient-Le Jour», le chef de l’Eglise maronite «a évoqué le droit de l’autorité publique d’appliquer la peine de mort». Le cardinal Béchara Raï dénonçait «l’apparente impunité qui entoure certains crimes, comme celui de l’assassinat de Marcelino Zamata à Achrafieh, la semaine dernière, et celui de Georges Rif, l’été dernier, à Gemmayzé».
«Les citoyens sentent désormais que l’Etat ne les protège plus, et les assassins croient que le champ pour eux est libre, qu’ils peuvent tuer quand bon leur semble, tant que la dissuasion est absente et qu’une couverture politique leur est assurée», a-t-il constaté.
«Protéger les citoyens des assassins et des criminels qui circulent librement»
«En tout état de cause, l’Etat a le devoir de protéger les citoyens des assassins et des criminels qui circulent librement. C’est à cette fin que les lois lui reconnaissent le droit d’appliquer la peine capitale». Le patriarche a cité à ce sujet l’article 2266 du Catéchisme de l’Eglise catholique, rapporte le quotidien francophone libanais.
Sur un autre plan, le patriarche a dénoncé «l’hémorragie dont le Liban souffre sur le plan national, du fait de l’absence de l’allégeance à la patrie, et du fait que l’on octroie la priorité à des intérêts privés, partisans ou confessionnels sur le bien public», et déplorant l’absence d’un président de la République, dont, faute d’accord entre les factions politiques, le siège est vacant depuis le 25 mai 2014.
Lors de l’Angélus du 21 février, le pape a rappelé la tenue, les 22 et 23 février à Rome, d’un congrès international sur l’abolition de la peine capitale. Organisé par la communauté Sant’Egidio, sur le thème «Un monde sans peine de mort», des ministres de la justice de trente pays sont réunis pour ce 9e congrès international à la Chambre des députés.
Sant’Egidio: Congrès international sur l’abolition de la peine capitale
Des représentants de pays tant abolitionnistes que mainteneurs de la peine capitale participent aux débats. Le dernier pays à avoir aboli la peine de mort a été la Mongolie, le 4 décembre dernier, «en partie grâce au patient travail» de la communauté Sant’Egidio. Le secrétaire d’Etat pour la justice de Mongolie est présent à Rome avec trente autres ministres et représentants de pays africains, asiatiques, latino-américains et européens. Certains d’entre eux (El Salvador, Rwanda, Timor Est, Togo) ont déjà aboli la peine de mort depuis longtemps. D’autres (République Centrafricaine, Mali, Sierra Leone, Sri Lanka) ont suspendu les exécutions et adhéré au vote de l’Assemblée générale des Nations Unies en faveur du moratoire.
D’autres encore, comme le Vietnam et la Somalie, maintiennent la peine de mort, note Sant’Egidio. Pour la communauté, présidée par l’Italien Marco Impagliazzo, professeur d’histoire contemporaine à l’Università per stranieri de Pérouse, «réaffirmer le caractère sacré de la vie et diffuser une culture de la paix peut faire perdre du terrain à la peur qui, en ces temps difficiles, risque de prévaloir dans les choix d’un grand nombre de personnes». Cette communauté, née à Rome en 1968 à l’initiative d’Andrea Riccardi, est présente aujourd’hui sur tous les continents.
(*) Catéchisme de l’Eglise catholique, n° 2266: «Préserver le bien commun de la société exige la mise hors d’état de nuire de l’agresseur. A ce titre, l’enseignement traditionnel de l’Eglise a reconnu le bien-fondé du droit et du devoir de l’autorité publique légitime de sévir par des peines proportionnées à la gravité du délit, sans exclure dans des cas d’une extrême gravité la peine de mort». (cath.ch-apic/orj/be)