Le Parlement suisse rejette l'initiative «anti-burqa»
Le Conseil national suisse a rejeté, le 17 juin 2020, l’initiative «Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage». L’initiative, considérée comme visant le voile intégral musulman, avait déjà été refusée en septembre 2019 par le Conseil des Etats, l’autre chambre du Parlement. Ce sera donc au peuple suisse de se décider sur le texte.
L’initiative populaire «Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage» a été déposée le 15 septembre 2017 par le Comité d’Egerkingen, qui avait déjà lancé l’initiative pour l’interdiction de construction des minarets, approuvée par les Suisses en 2009. Le nouveau texte, principalement soutenu par les partis conservateurs, vise en particulier le fait de se couvrir le visage pour des motifs religieux et lors de manifestations.
Le Parlement suisse a rejeté le texte le 17 juin 2020, après que le Conseil national ait signifié son refus par 114 voix contre 76 et 3 abstentions. L’initiative est soutenue par l’Union démocratique du Centre (UDC) et une majorité du groupe du centre [Parti démocrate chrétien (PDC), Parti évangélique suisse (PEV) et Parti bourgeois-démocratique (PBD)]. Le peuple suisse devra donc voter pour l’intégrer oui ou non dans la Constitution, lors d’un scrutin dont la date est encore indéterminée.
Contraire à l’ordre social suisse?
La gauche et une partie de la droite libérale le combattent. Elles reprochent principalement au texte de proposer une «solution populiste à un problème inexistant», rapporte le quotidien romand Le Temps. Les opposants soulignent le caractère «islamophobe» de l’initiative. Elle est jugée en outre contraire aux libertés individuelles et disproportionnée, alors que très peu de femmes portent le voile intégral en Suisse. Déjà en vigueur au Tessin depuis 2016, l’interdiction a abouti à seulement une trentaine d’interventions, y compris pour des passe-montagnes, a remarqué Greta Gysin (Verts/TI).
Les partisans de l’initiative ont principalement rappelé les risques d’une «société parallèle» et ont brandi la défense du droit des femmes. Les conventions culturelles en vigueur ont également été citées. «La burqa est contraire à l’ordre social, au modèle occidental qui prévaut dans notre pays. En Suisse, on ne se cache pas le visage», a soutenu Andreas Glarner (UDC/AG). Il a rappelé que le voile intégral était déjà interdit en France, en Belgique, en Bulgarie ou encore aux Pays-Bas. (cath.ch/lt/ag/rz)