Le parlement portugais s’apprête à légaliser l’euthanasie
Le parlement portugais devrait adopter le 29 janvier 2021 une loi autorisant «la mort médicalement assistée». Cette approbation pourrait faire de ce pays le quatrième en Europe à légaliser l’euthanasie, après le Benelux.
L’issue de ce vote final, qui doit intervenir en milieu de journée, semble acquise. Le texte, qui fusionne diverses propositions déjà approuvées au parlement prévoit que les Portugais majeurs, vivant dans le pays et se trouvant «dans une situation de souffrance extrême, présentant des lésions irréversibles» ou atteints «d’une maladie incurable», pourront avoir recours à l’euthanasie. La demande du malade en fin de vie doit être validée par plusieurs médecins, ainsi qu’un psychiatre lorsqu’il y a des doutes sur la capacité de la personne à faire un choix «libre et éclairé».
Le moment venu, le médecin du patient devra s’assurer une dernière fois de sa volonté de mettre fin à ses jours, en présence de témoins. L’euthanasie pourra être pratiquée dans des établissements du service national de santé, ou tout autre lieu «choisi par le patient» dès lors qu’il disposera «des conditions cliniques et de confort adéquates», précise la loi.
Cour constitutionnelle
Si le vote est adopté par le parlement, il sera envoyé au président conservateur Marcelo Rebelo de Sousa, qui pourra ensuite promulguer la loi, la soumettre à l’analyse de la Cour constitutionnelle ou y opposer son véto, qui pourrait être toutefois annulé par un second vote des députés.
Réélu le 24 janvier 2021 pour un second mandat, le chef de l’État bien que fervent catholique a très tôt fait savoir qu’il ne déciderait pas sur la base de ses convictions personnelles. «Si j’ai des doutes sur la constitutionnalité, je demanderai un contrôle préventif, si je n’ai pas d’obstacle constitutionnel ni politique, je la promulguerai», a-t-il expliqué dans un interview à la radio catholique Radio Renascenca.
La promulgation de la loi pourrait donc dépendre de l’ampleur du vote parlementaire. Si l’approbation est supérieure aux deux tiers, le vote serait considéré comme une majorité constitutionnelle et le président de la République devrait promulguer la loi. Il n’est pas sûr cependant que cette majorité qualifiée soit atteinte, le parti du président ayant laissé la liberté de vote à ses membres.
Opposition discrète de l’Eglise
En octobre 2020, le parlement portugais avait rejeté un projet de référendum sur l’euthanasie, suite à une pétition lancée par la Fédération pour la vie, qui avait recueilli près de 100’000 signatures. «Il s’agit de provoquer activement la mort de quelqu’un. Or le rôle de l’État est de prendre soin, non pas de tuer», a souligné José Maria Seabra Duque, un des responsables de cette organisation d’inspiration catholique.
La loi, qui sera votée sans public en raison des restrictions sanitaires en vigueur, n’a rencontré qu’une opposition discrète de la part de la hiérarchie de l’Église. «On espère bien sûr que la loi ne sera pas approuvée», a déclaré à l’AFP le père Manuel Barbosa, porte-parole de la conférence épiscopale portugaise, en ajoutant simplement que la position de l’Église n’avait «pas changé». (cath.ch/afp/rr/mp)