Le pape veut une morale attentive aux drames réels des personnes
Le pape François a appelé les moralistes à ne pas tomber dans la « casuistique » ou dans les »solutions mathématiques », en recevant, le 23 mars 2023, au Vatican, les participants au congrès promu par l’Académie alphonsienne, l’institut pontifical de théologie morale fondé par les rédemptoristes.
À ces théologiens qui fêteront le 75e anniversaire de la fondation de leur institut en 2024, le pape a recommandé de développer non pas « une morale froide, de bureau », mais des réponses qui reflètent « l’amour de Dieu », et qui savent « comprendre, pardonner, accompagner ». Il s’agit, a-t-il insisté, de comprendre « les difficultés réelles » des personnes et de regarder l’existence « de leur point de vue ».
Sortant de ses notes, le pontife a critiqué la morale qu’il a étudiée au séminaire, en ironisant : « Péché mortel s’il manque deux cierges sur l’autel, péché véniel s’il en manque un seul ». « Grâce à Dieu, c’est du passé », s’est-il félicité.
Dans le domaine de la bioéthique, le pape a mis en garde contre la « mentalité omniprésente de l’efficience et de la mise au rebut ». Il a recommandé avec insistance de cultiver « la patience de l’écoute et de la confrontation », en recherchant des solutions communes qui garantissent « le respect de la sacralité de toute vie, en toute condition ».
Le pape a souhaité que les moralistes évitent les « dynamiques extrémistes de polarisation » et a plaidé pour le principe de la «via media«, qui n’est pas, a-t-il précisé, « un équilibre diplomatique ». Il s’agit de proposer des « chemins adéquats de maturation » car les problèmes « se résolvent en cheminant », non pas « assis comme des docteurs qui condamnent, le doigt levé ».
Pour le chef de l’Église catholique, la bioéthique doit être « attentive aux drames réels des personnes qui se trouvent souvent dans la confusion face aux dilemmes moraux de la vie ». Il a invité les bioéthiciens à utiliser le « langage du peuple » et à élaborer des « propositions de vie morale praticables et humanisantes ».
Parmi les « questions morales graves » actuelles, le pape a cité les migrations et la pédophilie, mais aussi « les profits concentrés dans les mains de quelques-uns et la division des pouvoirs mondiaux », ainsi qu’un « système financier capable de conditionner la vie des personnes jusqu’à créer de nouveaux esclaves ».
Le congrès de théologie morale avait pour thème : « Saint Alphonse pasteur des plus fragiles et docteur de l’Église. L’actualité de la proposition morale alphonsienne entre défis et espérance ». (cath.ch/imedia/ak/mp)