Le pape signe la préface de l'autobiographie de Dorothy Day
Le pape François salue la figure de Dorothy Day (1897-1980) dans la préface de l’autobiographie de la militante américaine à paraître en italien aux éditions Librairie éditrice vaticane, le 22 août 2023. La cause en béatification de cette activiste imprégnée de catholicisme social a été lancée en l’an 2000.
S’exprimant en 2015 devant le Congrès américain, le pape François avait déjà honoré cette femme née en 1897 à New-York dans une famille non pratiquante. Journaliste et militante proche des milieux anarchistes et pacifistes (voir ci-dessous), elle s’était peu à peu convertie au catholicisme tout en poursuivant avec ardeur son engagement en faveur de la justice sociale et de la paix. Ses actions l’ont conduite à de nombreuses reprises en prison pour des faits de désobéissance civile. Elle avait cofondé en 1933 le Catholic Worker, un mensuel pour défendre le droit des ouvriers et faire connaître l’enseignement social de l’Église.
La grâce qui découle de la charité
Dans sa préface, le pape débute par une citation de Benoît XVI et se réjouit que la vie de Dorothy Day confirme le fait que «l’Église grandit par l’attraction et non par le prosélytisme». En effet, explique le pontife, «la manière dont Dorothy Day raconte sa venue à la foi chrétienne atteste que ce ne sont pas les efforts ou les stratagèmes humains qui rapprochent les personnes de Dieu, mais plutôt la grâce qui découle de la charité, la beauté qui jaillit du témoignage, l’amour qui se concrétise dans les faits».
François rappelle que Dorothy Day considérait initialement la pratique religieuse comme une chose «morbide». Pourtant, dans sa quête spirituelle, «elle en vient à considérer la foi et Dieu non pas comme un «palliatif»[…] mais comme ce qu’ils devraient vraiment être, c’est-à-dire la plénitude de la vie et le but de sa propre recherche du bonheur».
Le pape souligne par ailleurs que Dorothy Day «a réservé de belles paroles à l’Église catholique qui, pour elle, issue et appartenant au monde de l’engagement social et syndical, semblait souvent être du côté des riches et des propriétaires terriens».
Or, «au fur et à mesure que son adhésion aux vérités de la foi grandissait, raconte le pontife, sa considération pour la nature divine de l’Église catholique s’intensifiait». Cela ne l’empêcha pas de garder un regard critique. Elle «savait discerner dans la vie même de l’Église un élément de lien irréductible avec le mystère, au-delà des chutes nombreuses et répétées de ses membres», reconnaît-t-il, avant de citer quelques mots de cette «femme libre» qui n’hésitera pas à dénoncer les «erreurs ecclésiastiques»: «Les attaques mêmes dirigées contre l’Église m’ont prouvé sa divinité. Seule une institution divine aurait pu survivre à la trahison de Judas, au reniement de Pierre, aux péchés de ceux qui ont professé sa foi et qui auraient dû s’occuper de ses pauvres».
Le pape salue aussi le fait que l’Américaine ait eu conscience que, par «la lutte pour la justice», chaque personne, «même sans le savoir», pouvait réaliser «le rêve de Dieu d’une humanité réconciliée». Une intuition que le pape trouve très utile pour aujourd’hui: «les croyants et les non-croyants sont des alliés dans la promotion de la dignité de chaque personne lorsqu’ils aiment et servent les êtres humains les plus abandonnés».
Enfin, reprenant un slogan des mouvements sociaux de l’époque, «problème d’un seul, problème de tous», le premier pape Sud-Américain de l’histoire l’assure: «Le service doit devenir politique: c’est-à-dire des choix concrets pour que la justice prévale et que la dignité de chaque personne soit sauvegardée». (cath.ch/imedia/hl/bh)