Le pape se rendra en Hongrie du 28 au 30 avril 2023
Le pape François se rendra en Hongrie du 28 au 30 avril prochains, a annoncé le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, le 27 février 2023. Il s’agira de son premier déplacement de l’année dans un pays européen, après sa récente tournée en République démocratique du Congo et en Soudan du Sud.
Le pape François s’était déjà rendu à Budapest le 12 septembre 2021 pour la clôture du Congrès eucharistique international, mais cette courte visite de quelques heures n’avait pas été considérée comme une visite officielle en Hongrie.
Cette visite du pontife se concentrera sur la capitale Budapest, les autres étapes étudiées n’ayant pas été retenues en raison, semble-t-il, des difficultés de locomotion du pape âgé de 86 ans et astreint au fauteuil roulant. Contrairement aux rumeurs, l’abbaye territoriale bénédictine de Pannonhalma et la ville d’Ezstergom, siège historique de l’archevêché de la capitale hongroise, ne seront donc pas visitées par l’évêque de Rome.
Entretien avec Viktor Orbán
La première matinée du pape François en Hongrie, le vendredi 28 avril, sera dédiée à la partie politique de son voyage. Après son arrivée prévue à 10h à l’aéroport international de Budapest, il rencontrera la présidente Katalin Novák au palais présidentiel, avant de s’entretenir avec le Premier ministre Viktor Orbán et de prononcer son premier discours devant les autorités civiles et le corps diplomatique dans un ancien monastère carmélite devenu le siège chef du gouvernement. L’après-midi, il rencontrera les clercs, consacrés, séminaristes et agents pastoraux en la co-cathédrale Saint-Étienne.
Dans la matinée du samedi 29 avril, le pape visitera un hôpital pédiatrique avant de rencontrer les pauvres et réfugiés en l’église Sainte-Élisabeth de Hongrie. Il rencontrera l’après-midi les jeunes hongrois dans un stade couvert, la ‘Papp László Budapest Sportaréna›, pouvant accueillir jusqu’à 12’500 participants. Comme c’est la coutume durant chaque voyage, le pape s’entretiendra ensuite à huis clos avec les jésuites locaux, à la nonciature apostolique où il résidera durant son séjour.
Enfin, le dimanche 30 avril, le pape célébrera une messe en extérieur, sur la place Kossuth Lajos. L’après-midi, son dernier discours sera adressé au monde de l’université et de la culture, à la faculté d’informatique et de sciences bioniques de l’Université catholique Péter Pázmány. Il s’envolera ensuite pour Rome, et devrait être de retour à l’aéroport de Rome Fiumicino à 19h55.
Rapprochement entre Rome et Budapest
Lors de sa visite du 12 septembre 2021, présentée comme une visite ‘à Budapest’ et non pas ›en Hongrie’, le pape François n’avait passé que sept heures sur le sol hongrois, avant de s’envoler pour la Slovaquie, seconde destination de son 34e voyage apostolique. Avant de célébrer la messe de clôture du Congrès eucharistique international, le pape François s’était tout de même entretenu avec le Premier ministre Viktor Orbán et le président hongrois de l’époque, János Áder. Il avait également prononcé deux discours, devant les évêques locaux et devant les représentants du Conseil œcuménique des Églises et des communautés juives du pays.
L’attention médiatique s’était alors largement focalisée sur la distance mise par le pape François à l’égard du Premier ministre Viktor Orbán, extrêmement réticent sur la question de l’accueil des migrants. Tout en saluant les orientations du gouvernement hongrois en faveur du soutien aux familles, le pape avait refusé de donner une portée politique à ce voyage lié à un évènement ecclésial. Il avait toutefois promis de revenir en Hongrie pour une visite officielle cette fois-ci.
Depuis 2022, dans le contexte de l’offensive russe en Ukraine, un rapprochement s’est opéré entre le gouvernement hongrois et le Saint-Siège, comme cela s’est manifesté lors de la visite du Premier ministre Viktor Orbán au Vatican le 21 avril 2022. La nouvelle présidente Katalin Novàk a également été reçue par le pape François le 25 août 2022. La Hongrie et le Saint-Siège s’accordent sur la nécessité de porter secours aux réfugiés ukrainiens, mais aussi de maintenir des contacts avec la Russie afin de promouvoir la paix en Europe.
Une rencontre avec Cyrille?
Tout comme lors de la visite de Jean-Paul II dans le pays en 1996, ce nouveau déplacement en Hongrie fait l’objet de rumeurs quant à un potentiel sommet entre le pape et le patriarche de Moscou. Selon le programme officiel, rien n’indique pour l’heure qu’une telle rencontre puisse se produire durant ce voyage.
Cependant, des contacts officiels ou informels avec l’orthodoxie russe demeurent plausibles à travers le métropolite de Hongrie Hilarion, qui fut le responsable des relations extérieures du patriarcat de Moscou jusqu’à sa mutation à Budapest en juin 2022.
Si cette nomination fut interprétée comme la rétrogradation d’une personnalité perçue comme trop proche de Rome et de l’Occident par certains cercles proches du Kremlin, elle peut aussi constituer une occasion de former une ‘tête de pont’ de l’orthodoxie russe vers l’Occident, préservant aussi des points de contact avec le monde catholique et les cercles œcuméniques. Sur le plan politique comme sur le plan religieux, Budapest apparaît ainsi comme un lieu stratégique pour maintenir des contacts avec Moscou, alors que l’offensive russe en Ukraine a poussé des pays autrefois neutres, comme la Finlande, à se rapprocher de l’OTAN.
Encouragement à une Église dynamique
Sur le plan interne à l’Église catholique, la visite du pape constitue aussi un appui au cardinal Peter Erdő, qui accueillera donc le pape François pour la deuxième fois dans son diocèse. L’archevêque de la capitale hongroise, présenté comme un ›conservateur éclairé’, loyal au pape François mais ferme défenseur d’un catholicisme traditionnel, est régulièrement présenté comme un potentiel papabile.
Primat de Hongrie depuis 2002, créé cardinal par Jean-Paul II en 2003, le cardinal Erdő a notamment présidé le Conseil des conférences épiscopales d’Europe (CCEE) de 2006 à 2016. Cet archevêque polyglotte de 70 ans est connu pour ses qualités de canoniste et son bon bilan comme administrateur de ce vaste diocèse, qui compte, selon l’Annuaire pontifical de 2022, 158 paroisses et 219 prêtres incardinés, pour une population totale de plus de deux millions d’habitants, soit un Hongrois sur cinq.
Immédiatement après l’annonce de ce voyage, le cardinal Erdő a diffusé un communiqué bref mais enthousiaste, faisant part de la «joie particulière» de tous les acteurs de son diocèse et invitant tous les acteurs de l’Église hongroise, actifs dans le pays comme à l’étranger, à s’associer à cette visite. «Que notre rencontre avec le Successeur de saint Pierre soit un pas décisif dans le chemin que nous parcourons ensemble vers le Christ. Soutiens, ô Dieu, notre Saint-Père, le Vicaire du Christ», écrit l’archevêque de la capitale hongroise.
La Hongrie reste marquée par un catholicisme robuste, qui implique entre 50 et 60% de la population, et demeure relativement épargnée par la crise des vocations et la sécularisation qui marquent la plupart des autres pays européens. Outre son étape de septembre 2021 à Budapest, le pape avait également salué la piété populaire des catholiques de culture hongroise lors d’une messe célébrée le 1er juin 2019 à Sumuleu-Ciuc, lieu de pèlerinage de la minorité hongroise en Roumanie. (cath.ch/imedia/cv/bh)