Le pape rend hommage à Mikhaïl Gorbatchev, «un homme d’État apprécié»
Saluant «son engagement clairvoyant pour la concorde et la fraternité entre les peuples», le pape François a rendu hommage, le 31 août 2022, au dernier président de l’URSS Mikhaïl Gorbatchev, décédé la veille.
«Spirituellement proche dans ce moment de douleur pour la mort de votre père l’honorable Mikhail [»onorevole» étant en italien un titre traditionnellement attribué aux responsables politiques, ndlr], je désire apporter mes sincères condoléances à vous, à tous ses proches et à ceux qui ont vu en lui un homme d’État apprécié», écrit le pape François dans un télégramme adressé à la fille de l’ancien chef d’Etat, Irina Gorbatcheva .
«En rappelant avec gratitude son engagement clairvoyant pour la concorde et la fraternité entre les peuples, comme aussi pour le progrès de son propre pays dans une époque d’importants changements, j’élève des prières de suffrage, en invoquant pour son âme la paix éternelle, de la part de Dieu bon et miséricordieux», ajoute le pontife argentin dans ce court message.
Un athée se posant des questions
L’ancien président soviétique, bien que se déclarant athée, avait fait part de ses interrogations sur l’existence de Dieu après le décès de son épouse Raïssa en 1999. Marquant une nette rupture avec ses prédécesseurs, sur le fond comme sur la forme d’exercice du pouvoir, Mikhaïl Gorbatchev avait ouvert la voie à la liberté religieuse et de conscience, autorisant notamment la célébration publique du Millénaire du baptême de la Russie, en 1988.
Prix Nobel de la paix
Il eut avec Jean Paul II un entretien au Vatican le 1er décembre 1989, durant lequel les deux hommes affichèrent leur bonne entente en vue de l’édification d’une «Maison commune européenne», trois semaines après la chute du Mur de Berlin. Des contacts entre le pape polonais et le dernier leader soviétique se sont poursuivis durant les années suivantes, même si le projet d’une visite du pape à Moscou ne put jamais se concrétiser. Les réactions à la mort de Gorbatchev ont été nombreuses, le président de l’épiscopat allemand rappelant notamment que «le monde serait différent aujourd’hui s’il n’y avait pas eu à l’époque lui et son intervention courageuse pour faire tomber le mur de Berlin».
Le lauréat du prix Nobel de la paix 1990 était populaire en Occident, mais son bilan demeure beaucoup plus contesté en Russie et en Europe de l’Est, notamment en Ukraine et en Lituanie où il reste associé à la répression par l’Armée rouge des manifestations réclamant l’indépendance de ces territoires alors soviétiques. (cath.ch/imedia/cv/rz)