L’ONG suisse Medair rencontre le pape
Une délégation de l’ONG suisse Medair a rencontré le pape François à Rome, le 22 septembre 2021. L’œuvre d’entraide, où la prière quotidienne tient une place centrale, revendique son identité chrétienne, sensible au message du pape.
«Merci pour ce que vous faites», a lancé le pape François à la délégation de Medair qu’il a rencontrée durant une dizaine de minutes, salle Paul VI, à l’issue de l’audience générale. «Ce que vous faites est bon», a renchéri le pape après que les membres de la délégation lui ont expliqué que Medair allait aux périphéries du monde.
«Son visage s’est éclairé d’un grand sourire», confie, encore ému, Jean-Bernard Palthey, responsable marketing de l’ONG vaudoise.
L’équipe a offert au pontife un livre photo montrant l’engagement des équipes sur le terrain. Le pape a demandé aux membres présents de prier pour lui, assurant qu’il prierait pour les équipes de l’ONG. «Nous sommes très touchés par cette rencontre. C’est un bel encouragement à continuer notre mission», assure Jean-Bernard Palthey.
Un projet de deux ans
«Voilà deux ans que j’avais ce projet dans un coin de la tête», confie Annick Balocco, de Medair France, à l’origine de cette rencontre peu banale. «Nous sommes très touchés par l’engagement du pape François envers les plus démunis ainsi que par ses prises de position en leur faveur». Un souci que partage l’ONG s’affichant ouvertement chrétienne. La responsable souhaite présenter au pape les activités de l’ONG suisse présente actuellement dans une quinzaine de pays dans les situations extrêmes.
La responsable de Medair France parle souvent de son projet avec ses collègues tout en se demandant comment le concrétiser. «Puis j’ai arrêté d’en rêver et j’ai demandé, début mars, à l’évêque de Valence, Mgr Pierre-Yves Michel, comment on faisait pour rencontrer le pape». L’évêque français envoie la requête via un mail au Vatican à la mi-avril.
Deux semaines plus tard, «le Vatican a répondu que nous pouvions passer quand nous voulions, à l’occasion d’une audience générale. Le message disait que nous aurions l’occasion d’exposer brièvement notre activité au pape».
Une vocation
«Cette rencontre est une belle reconnaissance!», indique Jean-Bernard Palthey qui travaille au siège de l’ONG à Ecublens (VD). Il rappelle la fondation de Medair par un couple de médecins protestants en 1989 à Ecublens (VD). «L’idée était d’aller auprès des plus pauvres, où personne ne va: dans les régions les plus reculées, où la situation politique est la plus difficile». L’aventure a commencé avec la Thaïlande et l’Ouganda.
La création de cette ONG relève de la vocation, explique Jean-Bernard Palthey, celle de Josiane André en particulier. Et la dimension chrétienne y est fondamentale. Protestante à l’origine, l’ONG se considère actuellement comme chrétienne. «Nous sommes catholiques, protestants, évangéliques. Nous vivons notre mission, au siège comme sur le terrain: avec la prière. Les comités de direction commencent par la prière. Chaque département consacre également un temps à la prière», illustre le responsable marketing de Medair. C’est même dans son cahier des charges, précise-t-il.
La foi est un critère d’engagement important dans cette ONG de l’extrême qui vit aux «périphéries du monde». Sur le terrain, la foi est vécue quotidiennement, «plus discrètement, mais sans la cacher. Nous opérons en effet dans des pays musulmans, nous nous adaptons donc à la sensibilité de chacun, puisque les gens du terrain travaillent avec des personnes locales. Cela dit, lorsqu’ils leurs demandent de prier pour les personnes auxquelles ils portent assistance, ils le font volontiers. Prier est naturel pour les musulmans». Il n’est pas question de prosélytisme. «Nous faisons très attention. Nous identifions les personnes avec lesquelles nous travaillons».
Si les incidents liés à la sécurité, à la logistique, se produisent parfois, le responsable marketing affirme ne jamais avoir eu connaissance d’incidents en lien avec la pratique religieuse, rapporte Jean-Bernard Palthey.
L’ONG vaudoise est moins connue du grand public que certaines œuvres d’entraide catholiques. «Effectivement, nous sommes mandatés principalement par des agences onusiennes telles que l’UNHCR, l’UNICEF, le WFP (World Food Programm) ou encore des États. Nos mandataires nous connaissent pour notre spécialité à agir dans des conditions extrêmes».
La délégation sera reçue jeudi en audience par le cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour le service du développement humain intégral. «Ce sera l’occasion d’évoquer de possibles partenariats», indique encore Annick Balocco.(cath.ch/bh)
Medair
Medair compte actuellement 1’500 collaborateurs, dont 200 expatriés. L’ONG, présente dans 14 pays, s’est spécialisée notamment dans l’assainissement de l’eau, la construction de puits, d’abris et dans la formation à la micro-agriculture. Les expatriés travaillent en Afrique principalement, mais aussi en Lyban, en Jordanie, en Syrie et en Afghanistan où l’œuvre humanitaire compte bien poursuivre son activité. «Nous y travaillons depuis 25 ans et on nous connaît bien». La malnutrition enfantine est très élevée et le pays subit de grandes périodes de sécheresse. BH