Le pape remet en parallèle avortement et «tueur à gages»
«Est-il licite d’engager un tueur à gages pour résoudre un problème ?», s’est à nouveau interrogé le pape François le 25 mai 2019, en rapport à l’avortement. Le pontife s’exprimait lors d’une audience avec les participants au congrès «Yes to life, prendre soin du précieux don de la vie dans la fragilité», reçus en audience.
Aujourd’hui, l’hostilité face au handicap induit souvent le choix de l’avortement, le présentant comme une pratique de prévention, a déploré le pape. Mais l’enseignement de l’Eglise est clair: la vie humaine est sacrée et inviolable, et l’utilisation de diagnostiques prénataux à des fins sélectives doit être «découragée avec force». Cela représente en effet l’expression d’une «mentalité déshumanisée eugéniste» qui retire aux familles la possibilité «d’accueillir, d’embrasser et d’aimer» leurs enfants les plus faibles.
L’avortement, un problème non religieux
Parfois certains disent: «vous les catholiques vous avez un problème avec l’avortement», a souligné l’évêque de Rome. «Mais ce n’est pas un problème de foi, c’est avant tout un problème non religieux, la religion n’a rien à voir, seulement dans un second temps, c’est d’abord un problème humain». «Est-il licite de renvoyer une vie humaine pour résoudre un problème?» s’est-il interrogé, ajoutant: «est-il licite d’engager un tueur à gages pour résoudre un problème? Je vous laisse y répondre!» Le pontife avait déjà réalisé cette comparaison le 10 octobre 2018, provoquant de vives protestations, notamment dans les milieux féministes.
«Aucun être humain ne peut être incompatible avec la vie», a insisté le pape, que ce soit à cause de son âge, ses conditions de santé, ou pour la qualité de son existence. Chaque enfant qui s’annonce dans l’utérus de sa mère est un don qui change l’histoire d’une famille. C’est pourquoi cet enfant a besoin d’être écouté, aimé, et soigné. «Toujours !», a martelé le pontife provoquant des applaudissements. Il a ainsi salué les mères, «spécialistes de la fragilité».
Créer des «réseaux d’amour»
L’avortement n’est jamais la réponse que les femmes et les familles recherchent, a estimé le successeur de Pierre. Pour lui, il s’agit plutôt du résultat de la peur de la maladie et de la solitude qui les font hésiter. Les difficultés d’ordre pratique, humain et spirituel sont cependant indéniables et des actions pastorales deviennent «urgentes et nécessaires». Il convient donc en particulier de créer des «réseaux d’amour» vers lesquels les couples puissent se tourner.
Malheureusement, la culture dominante ne promeut jamais une approche d’assistance envers l’enfant à naître, a déploré le pape. Il s’agirait pourtant selon lui d’inciter la famille à établir une «relation responsable» avec l’enfant malade en les accompagnant sur un «parcours d’assistance intégré». En ce sens, le Confort care (soin de confort, en anglais) prénatal est une modalité de soin qui humanise la médecine.
Le souvenir de Chiara Corbella
Organisé à l’Augustinianum sous l’égide des Chevaliers de Colomb et le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, ce colloque a réuni 400 personnes de 70 pays. Outre des interventions d’experts et de médecins – dont une génétiste de l’Inserm (France) – ce colloque a vu de nombreux moments de témoignage intitulés ›rencontre avec la réalité’. Le Père Vito D’Amato, directeur spirituel de Chiara Corbella (1984-2012), s’est également exprimé. Atteinte d’un cancer, cette Italienne avait refusé un traitement pouvant nuire à son enfant à naître. Son procès en béatification est ouvert. (cath.ch/imedia/ah/rz)