Nicosie, capitale de Chypre où le pape prononcera son premier discours, juste après son arrivée sur l'île | © ChrisSavid/CC BY-SA 3.0/Wikimedia commons
Vatican

Le pape pourrait ramener des réfugiés de Chypre

Le pape François s’apprête à entreprendre son 35e voyage apostolique à l’étranger qui le conduira d’abord à Chypre, du 2 au 4 décembre, puis en Grèce, jusqu’au 6 décembre. À Chypre, il aura l’occasion de rencontrer des réfugiés et des migrants lors d’une prière oecuménique le 3 décembre dans une église de Nicosie.

Le Frère franciscain Jerzy Kraj est le vicaire patriarcal de Chypre au sein du Patriarcat latin de Jérusalem depuis 2013. Il est l’un des coordinateurs de la visite du pape sur l’île. Il se confie à I.MEDIA à une semaine de l’arrivée du pontife argentin.

Le pape François passera deux jours à Chypre. Quels seront les grands moments de sa visite ?
Le moment le plus important de cette visite du pape François sera certainement la messe au stade GSP de Nicosie. Il s’agira d’un grand moment de partage entre tous les Chypriotes autour du pape. Dans ce stade, qui est le plus grand de Nicosie, nous avons 7’000 sièges prêts à être occupés par des fidèles. Nous n’avons pas invité seulement les catholiques – les latins et les maronites – mais nous avons convié les Chypriotes. Parmi eux, des musulmans ont accepté l’invitation. Cela ne pose pas de problème qu’il s’agisse d’une célébration catholique.
Un autre moment fort selon moi sera la prière œcuménique avec la présence de migrants et de réfugiés. Elle aura lieu le 3 décembre à 16h avec tous les représentants des communautés chrétiennes de l’île – orthodoxes, arméniens, anglicans, évangéliques, latins, maronites. Il s’agira de la dernière célébration du pape François sur l’île.
Dans l’église, je pense qu’il y aura environ 150 personnes, dont une soixantaine de migrants. Ces personnes sont pour la plupart des demandeurs d’asile, pas forcément chrétiens. Beaucoup viennent d’Afrique – Algérie, Nigéria, Congo ou encore Cameroun. D’autres viennent de Syrie. Enfin il y aura aussi des Philippins et des Sri lankais qui travaillent ici à Chypre. Ce sont des migrants économiques qui ont des visas réguliers. Le pape vient avant tout pour les écouter. Deux personnes viendront témoigner devant le Saint-Père.

Le pape François pourrait-il ramener des migrants avec lui?
Nous travaillons sur ce processus, nous l’espérons, mais je n’ai pas de détails précis. Symboliquement, le pape pourrait ramener un groupe de réfugiés pour signifier l’ouverture des couloirs humanitaires. Cela permettrait de rappeler qu’il faut venir en aide concrètement aux migrants; ce geste serait un écho à celui fait lors de son précédent voyage en Grèce.

Il pourrait s’agir d’un groupe d’une dizaine de réfugiés?
Ce pourrait être plus, peut-être une trentaine. Mais je n’ai pas de détails précis sur le nombre.

Le voyage du pape François peut-il être qualifié de «voyage œcuménique» ?
Bien sûr. Le pape François vient aux périphéries, aux périphéries de l’Europe, aux périphéries des communautés chrétiennes. Le 3 décembre, une rencontre aura lieu avec Sa Béatitude Chrysostome II, archevêque orthodoxe de Chypre. Le pape prononcera un discours à la cathédrale orthodoxe devant le Saint Synode. Il y aura aussi une prière avec les orthodoxes, signe de dialogue et d’ouverture. Le pape vient pour voir, pour semer des graines pour une plus grande compréhension mutuelle entre chrétiens.

À Chypre, le pape François pourrait-il lancer un message pour l’unité de l’île encore divisée entre Grecs et Turcs?
Je ne pense pas directement mais l’un des messages du pape pourrait porter sur la recherche du dialogue et de la compréhension entre les personnes. Comme il le répète souvent, il pourrait lancer un appel à construire des ponts et non des murs et expliquer qu’il faut reconnaître en chacun une dignité.
Ainsi, il pourrait nous encourager à œuvrer pour vivre dans la paix et l’harmonie, dans le sillage de saint Barnabé, symbole de ce voyage, dont le nom signifie «fils de consolation».

Combien de catholiques vivent à Chypre ?
La communauté catholique à Chypre compte deux groupes: les latins et les maronites. Selon les statistiques établies en 2011, il y a environ 25’000 latins et 5’000 maronites. Les chiffres ont sans doute évolué mais je ne pense pas qu’il y ait eu de grands changements.
Un grand nombre de latins sont des travailleurs venus de l’étranger, principalement des Philippines, d’Inde, du Sri Lanka et puis aussi de quelques pays européens. Notre communauté latine est donc composée de différentes cultures, de langues et de provenances. C’est un élément très important pour nous.
Dans la partie nord de l’île, il y a aussi des chrétiens qui vivent en communauté, des étudiants notamment, principalement africains. Eux n’ont pas le droit de passer la frontière parce qu’ils sont arrivés à Chypre avec un visa de la République turque de Chypre du Nord. Ils ne peuvent pas venir à Chypre pour participer à nos célébrations. Nous allons donc chaque dimanche au nord pour célébrer la messe dans trois lieux différents. Nous y retrouvons environ 500 fidèles chaque dimanche.

Certains chrétiens n’ont donc pas le droit de franchir la frontière du nord au sud ?
Il s’agit d’un problème relatif aux visas qui ne sont pas accordés, pour des raisons politiques. Cela concerne les personnes qui sont arrivées par cette région placée sous la juridiction et la supervision de la République turque de Chypre du Nord.
Cela correspond notamment aux étudiants ou aux touristes. Ils ne reçoivent pas de visas réguliers pour Chypre et ne peuvent pas passer la frontière. Certains essaient de le faire illégalement mais ils ne sont pas acceptés.
Ceux qui vivent au nord mais qui sont enregistrés comme citoyens chypriotes grecs peuvent franchir la frontière sans problème. (cath.ch/imedia/mp)

Nicosie, capitale de Chypre où le pape prononcera son premier discours, juste après son arrivée sur l'île | © ChrisSavid/CC BY-SA 3.0/Wikimedia commons
26 novembre 2021 | 08:58
par I.MEDIA
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