Le pape nomme un nouvel archevêque à Buenos Aires

Pour siéger sur la cathèdre qu’il a occupée entre 1998 et 2013, le pape François a nommé, le 26 mai 2023, Mgr Jorge Ignacio García Cuerva, jusque-là évêque de Río Gallegos, archevêque de Buenos Aires. Il succède au cardinal Mario Aurelio Poli.

Mgr García Cuerva, est né en 1968 à Río Gallegos, ville la plus importante de l’extrême-sud de l’Argentine. Après des études de droit, il a été ordonné prêtre en 1997 pour le diocèse de Sant Isidro. Il a poursuivi sa mission à Buenos Aires où il a obtenu le titre d’avocat. 

Un jeune archevêque très engagé

Il est aussi docteur en histoire de l’Église, sa thèse portant sur la gestion par l’Église catholique de l’épidémie de fièvre jaune qui a frappée la capitale argentine en 1871, des recherches qui lui seront très utiles des années plus tard, pendant la pandémie de Covid-19. Il est aussi expert en droit canonique et a occupé la charge de promoteur de justice. 

Décrit comme un intellectuel par la presse argentine, il est avant tout un pasteur immergé dans la vie sociale de son pays. Sa vocation sacerdotale est d’ailleurs née dans les quartiers populaires de Buenos Aires. Engagé dans la Caritas diocésaine, il est vice-président de la Commission internationale de pastorale carcérale et s’occupe aussi de lutte contre la toxicomanie. 

Un évêque «villero»

Son engagement radical lui a valu le surnom d’évêque «villero» – habitant des bidonvilles argentins – de la part du pape François, au moment de sa nomination comme évêque auxiliaire de Lomas de Zamora en 2017. Deux ans plus tard, en 2019, il lui a confié son diocèse d’origine, Rio Gallegos.

Ces dernières années, le pape François s’est appuyé à plusieurs reprises sur cet évêque dynamique, le nommant même membre du dicastère pour les Évêques – en charge des nominations épiscopales – en 2021. À cette occasion, Mgr García Cuerva avait déclaré: «Je veux contribuer au modèle d’évêque que François nous demande: un évêque pauvre pour les pauvres.»

Du fait de ses compétences dans le domaine judiciaire, c’est aussi à lui que le pape avait fait appel pour traiter un cas d’abus commis par un prêtre en Argentine en 2022. 

Une lourde mission

Pendant dix ans, le cardinal Mario Aurelio Poli a eu la lourde mission d’occuper la place laissée par le pape en Argentine dans son archidiocèse de Buenos Aires. Fidèle à son prédécesseur sans en être proche, celui qui n’entretient pas de lien d’amitié avec le pontife a dirigé son diocèse avec une grande discrétion.

Né dans une famille catholique italienne de la capitale argentine, comme le pape, Mario Aurelio Poli avait été nommé évêque auxiliaire du diocèse de la capitale par Jean-Paul II, où il est venu apporter son aide à l’archevêque en place, le cardinal Jorge Mario Bergoglio, qui a célébré son ordination épiscopale.

En 2008, Benoît XVI l’avait éloigné de sa ville de naissance en le nommant évêque de Santa Rosa, dans la Pampa, à près de 1000 km de la capitale. Un petit diocèse de campagne dans lequel il avait mené à bien sa mission.

Le successeur du pape

Tout avait changé pour Mgr Poli en 2013 quand le primat d’Argentine, le cardinal Jorge Maria Bergoglio, avait été élu pape et avait pris le nom de François. Pour sa première nomination, le pape l’avait choisi comme successeur à Buenos Aires, puis l’avait créé cardinal un an plus tard lors du consistoire du 22 février 2014. 

Interviewé peu après, il avait expliqué que le pape François avait «installé un style pastoral et une manière d’être évêque» bien à lui à Buenos Aires, d’une telle façon «qu’il [était] maintenant très difficile de faire autrement». Contrairement à Bergoglio qui s’était attiré des inimitiés, le cardinal Poli a été très prudent dans sa relation avec le gouvernement argentin, notamment sur les questions sociales.

Il s’est en revanche montré actif sur la scène politique en condamnant fermement la décision de l’Assemblée de légaliser l’avortement. (cath.ch/imedia/cv/bh