Pietro Parolin a rappelé la condamnation "sans équivoque" de l'invasion de l'Ukraine par le pape François | © Vatican Media /Capture-écran
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«Le pape n’est pas prorusse», affirme le cardinal Pietro Parolin

Le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, rejette les critiques qui qualifient le pape François de prorusse à propos de la guerre en Ukraine. Le pape a condamné «sans équivoque l’invasion russe», insiste-t-il dans une interview accordée en juillet 2022 à la revue italienne de géopolitique Limes.

Le cardinal Parolin rejette avec forces les critiques qui considèrent que le pape François adopte une position «russophile» dans ce conflit. «On ne peut pas simplifier la réalité à ce point!», s’exclame-t-il, estimant que le pape a condamné l’invasion russe «dès le début, avec des paroles sans équivoque» et qu’il n’a jamais mis l’agresseur et l’agressé «à équidistance».

Le pape, explique-t-il, est en revanche «resté à proximité égale» de tous ceux qui souffrent des conséquences de la guerre, victimes civiles et militaires ukrainiennes mais aussi des mères des «très jeunes soldats russes qui n’ont plus eu de nouvelles de leurs fils morts pendant les combats». Il insiste aussi sur l’importance de ne pas «céder à la tentation de diaboliser l’ennemi».

Le droit à la légitime défense

L’Église catholique reconnaît dans son catéchisme le droit à la légitime défense, assure le cardinal italien, mais se refuse à «penser la guerre comme une solution». «Le désarmement est l’unique réponse adéquate et résolutive à de telles problématiques», martèle-t-il. 

Le cardinal rappelle les nombreuses fois où les avertissements des prédécesseurs du pape ont été ignorés par les grandes puissances: ceux de Benoît XV pendant la Première Guerre mondiale, ceux de Pie XII pendant la Seconde ou pendant la guerre de Corée, ou encore ceux de Jean-Paul II en 2003 avant l’invasion de l’Irak. «Aujourd’hui encore, dans la tragique affaire ukrainienne, il ne semble pas y avoir de volonté de s’engager dans de véritables négociations de paix et d’accepter l’offre d’une médiation super partes («au-dessus des parties», impartiale, ndlr)», reconnaît-il.

Le cardinal assure néanmoins que le message du pape «affecte de nombreuses consciences, rendant les gens plus conscients que la paix, et la guerre, commencent dans nos cœurs». C’est dans cette perspective, explique-t-il, que le pape – dans les pas de ses prédécesseurs – se refuse d’être le «chapelain de l’Occident», qu’il défend un «regard multilatéral» sur les problèmes internationaux et propose une Église «moins eurocentrique». 

Rappelant que plusieurs conflits font rage dans d’autres parties du monde, le ›bras droit’ du pape François met en garde contre le risque de voir ce que le pape François décrit comme la «Troisième Guerre mondiale par morceaux» se «consolider». Il estime qu’on est pour l’heure «pas encore capables de prédire ou de calculer les conséquences de ce qui se passe» en Ukraine.

Sans accord, «il n’y aurait plus d’Église catholique en Chine»

Le cardinal Parolin est ensuite interrogé sur les accords pastoraux signés par la diplomatie du Saint-Siège avec la Chine pour nommer les évêques. «L’accord stipule que leur nomination doit suivre des procédures particulières, qui découlent de l’histoire récente de ce christianisme, mais qui n’omettent pas les éléments fondamentaux et inaliénables de la doctrine chrétienne», explique-t-il.

Sans cet accord, «il n’y aurait plus d’Église catholique en Chine» mais «quelque chose d’autre», avertit le secrétaire d’État. Il invite à «ne pas se scandaliser» que les autorités politiques chinoises ait leur mot à dire, assurant que les évêques nommés bénéficient d’une «juste liberté» et sont des «authentiques pasteurs». 

Estimant que depuis la signature des accords en 2018, des «pas en avant» ont été effectués, le cardinal Parolin reconnaît néanmoins que «tous les obstacles» n’ont pas été franchis. Il appelle la Chine à «un dialogue sincère» pour permettre le «perfectionnement» de leur coopération. (cath.ch/imedia/cd/bh)

Pietro Parolin a rappelé la condamnation «sans équivoque» de l'invasion de l'Ukraine par le pape François | © Vatican Media /Capture-écran
10 août 2022 | 10:50
par I.MEDIA
Temps de lecture : env. 3  min.
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