Le pape moteur des réformes en Equateur ?

Quito, 06.07.15 (cath.ch-apic) La théologienne et artiste allemande, Anne Stickel, qui travaille depuis 2013 au centre Mgr Leonidas Proano, à Quito, a livré à kath.ch son analyse sur la visite du pape en Equateur. Elle en attend une impulsion pour des réformes dans la société et dans l’Eglise.

Une grande attente règne parmi la population, estime Anne Stickel. Beaucoup de gens viendront sur le site de l’aéroport au Nord de Quito pour assister à la messe du pape. Des visiteurs de toutes les provinces d’Equateur et de Colombie voisine sont attendus. Le pape est un ‘lider espiritual’ pour une large partie de la population qui attend un soutien à ses revendications de réforme dans l’Eglise et dans la société. La hiérarchie ecclésiale se concentre plus sur le caractère pastoral et moins politique de la visite du pape. Le pape n’est pas une boîte dans laquelle déposer toute ses plaintes, a expliqué Mgr Traves, président de la Conférence épiscopale. Il a insisté sur la proclamation de Jésus, et sur l’autorité ecclésiale qui ne doit pas être remise en question.

Pour la théologienne, le fait que l’Equateur soit sur le chemin du pape pour cette visite en Amérique latine a une profonde signification politique. Les deux premières étapes de son voyage, l’Equateur et la Bolivie sont deux pays aujourd’hui dirigés par des gouvernements qui revendiquent leur autonomie face aux anciennes puissances, en particulier les Etats-Unis. Les thèmes de l’encyclique ‘Laudato si’ ont une forte résonnance dans ces pays et le président équatorien Rafael Correa, qui a été le premier à recevoir le pape, l’a largement souligné.

Justice pour les pauvres

L’opposition équatorienne, proche idéologiquement de celle du Vénézuela, utilise de son côté cette visite du pape pour ses propres intérêts. Elle dénonce le gouvernement ‘dictatorial’ du président Correa, note Anne Stickel. De son côté le pouvoir évoque la justice pour les pauvres. Il invite à ‘se défaire les putchistes avec joie’ paraphrasant le slogan de l’Eglise ‘évangéliser avec joie’. Le président a assuré que la visite du pape se ferait dans la paix.

Puisse cette visite du pape favoriser les changements au sein de l’Eglise, et aller à la racine en se basant sur la réalité de la vie des gens, espère la théologienne. Il faut pour cela renforcer les processus de paix, en Amérique latine et en particulier en Colombie. Rechercher la justice économique, politique et sociale, spécialement pour la jeunesse. Préserver l’environnement et prêcher une foi vécue. Elle raconte avoir vu un graffiti à Quito qui disait «Ils prêchent l’humilité, mais vivent comme des dieux». Il représentait un prêtre grimaçant entouré d’or et de breloques. L’Eglise catholique a la chance de donner un signe à la société à travers la figure d’un pape et de cardinaux qui dépasse ce message ‘décoratif’, conclut-elle.


Encadré

Projet de ‘mur communautaire’

La théologienne allemande Anne Stickel et son compagnon l’artiste et philosophe colombien Warner Benitez Daviz sont les coordinateurs pour l’Equateur de l’organisation suisse «Commundo» (anciennement Mission Bethléem Immensee). Ils dirigent depuis septembre 2013 le projet de ‘mur communautaire’ au Centre Mgr Léonidas Proano, à Quito. Ce centre accueille et forme des jeunes de toute la banlieue sud de la capitale équatorienne. Le projet de ‘mur communautaire’ entend donner une dimension artistique et culturelle à la démarche éducative du centre afin de renforcer l’identité personnelle et collective des jeunes.

(apic/kath.ch/ms/mp)

La théologienne Anne Stickel et l'artiste et philosophe Warner Benitez Daviz dirigent depuis septembre 2013 le projet de 'mur communautaire' au Centre Mgr Léonidas Proano, à Quito. (photo DR)
6 juillet 2015 | 16:56
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
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