Le pape inquiet du regain de tension entre Israéliens et Palestiniens
Lors de ses appels après la prière de l’Angélus du 27 novembre 2022, le pape s’est notamment exprimé au sujet des violences qui ont émaillé l’actualité de ces derniers jours en Terre Sainte. Il a aussi exprimé sa proximité pour les personnes affectées par l’inondation sur l’île d’Ischia, pour les femmes victimes de violences et pour les Ukrainiens.
«Je suis avec préoccupation l’augmentation de la tension et des affrontements qui depuis des mois surviennent dans l’État de Palestine et dans celui d’Israël. Mercredi dernier, deux vils attentats survenus à Jérusalem ont blessé de nombreuses personnes et ont tué un jeune Israélien. Et le même jour, durant des affrontements armés à Naplouse, un jeune Palestinien est mort», a détaillé le pape François.
«La violence tue le futur, déchirant la vie des plus jeunes et affaiblissant les espérances de paix», s’est insurgé le pape, invitant à prier « pour ces deux jeunes morts, pour leurs familles et en particulier pour leurs mamans ». Il a souhaité que «les autorités palestiniennes et israéliennes aient plus à coeur la recherche du dialogue en construisant la confiance réciproque, sans laquelle il n’y aura jamais de solution de paix en Terre Sainte». Le pontife s’était rendu sur place en mai 2014, dans le cadre de son deuxième voyage apostolique hors d’Italie.
Inquiétudes quant au futur gouvernement israélien
Cet appel du pape François s’inscrit dans le contexte des inquiétudes liées à la formation du nouveau gouvernement en Israël. L’ex-Premier ministre Benjamin Netanyahou, déjà au pouvoir de 1996 à 1999 puis de 2009 à 2021, est arrivé en tête des élections du 1er novembre dernier avec le Likoud, parti de la droite traditionnelle, et il a été chargé de former un nouveau gouvernement, s’alliant avec des partis d’extrême-droite.
La nomination possible du leader populiste Itamar Ben Gvir au très stratégique ministère de la Sécurité intérieure suscite une vive inquiétude parmi les Palestiniens, mais aussi en Israël, où le président Isaac Herzog est sorti de sa réserve en lui déclarant: «Il y a une certaine image de vous et de votre parti qui semble, et je le dis en toute honnêteté, inquiéter à bien des égards».
Cet homme politique sulfureux, numéro deux de l’alliance ›Sionisme religieux’, est connu pour avoir implicitement soutenu l’assassinat du Premier ministre Yithzak Rabin en 1995, et pour avoir appelé à tirer à balles réelles sur les manifestants palestiniens. L’appel du pape contre la violence, en évoquant le jeune Palestinien tué à Naplouse, exprime donc certainement l’inquiétude du Saint-Siège face à la ligne dure dans laquelle le futur gouvernement israélien risque de s’engager.
Toujours lors de ses appels après la prière de l’Angélus, le pape François a aussi exprimé sa proximité avec la population de l’ile d’Ischia, près de Naples, frappée par des inondations qui ont tué au moins une personne, une dizaine d’autres étant portées disparues. «Je prie pour les victimes, pour ceux qui souffrent, et pour tous ceux qui sont intervenus pour les secours», a déclaré François.
Hommage à Burkhard Scheffler
Le pontife a aussi rendu hommage au SDF Burkhard Scheffler, «mort de froid, ici, sous les colonnades de la place Saint-Pierre », a confié le pape en sortant de son texte avec une émotion palpable, en montrant du doigt le lieu de son décès. Il avait déjà exprimé son émotion après la mort de cet homme d’origine allemande dans un communiqué publié dès le 25 novembre.
Saluant les participants à une marche organisée pour dénoncer les violences sexuelles sur les femmes, le pape a remarqué, comme il l’avait fait la veille lors d’une audience aux policiers italiens de la Direction anticriminalité, que ce phénomène demeure «malheureusement une réalité générale et diffusée partout, et utilisée aussi comme arme de guerre». (cath.ch/imedia/cv/bh)