Le pape François voit le danger d'une «cléricalisation» des diacres
Le pape François a mis en garde contre la tentation de la «cléricalisation» des diacres qui, au lieu de s’attacher au service de leur diocèse, «regardent l’autel». Ils finissent ainsi par devenir des «prêtres manqués», des «prêtres à mi-chemin», a-t-il lancé.
Le pontife, qui recevait le 16 novembre 2019 les participants à la première assemblée plénière du Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, a donc conseillé aux évêques «d’éloigner» les diacres de l’autel.
«Eloigner» les diacres de l’autel
Loin de constituer des «prêtres de seconde catégorie» ou des «servants d’autel de première catégorie», ils ont bien une mission au sein de l’Eglise: celle d’être les «gardiens du service».
Ce Dicastère est chargé de travailler avec des laïcs sans toutefois les «cléricaliser», a-t-il souhaité. En les recevant en audience au Vatican, le pontife romain est également revenu sur la mission de la femme dans l’Eglise.
Nouveaux modèles de collaboration entre prêtres, laïcs et consacrés
En tant que «mère», l’Eglise souhaite la concorde entre ses enfants et ne fait pas de «favoritisme», a déclaré le pape François. C’est pourquoi, le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie doit trouver des nouveaux modèles de collaboration entre les diocèses et les paroisses, mais aussi entre les prêtres, les laïcs et les consacrés.
L’évêque de Rome a ainsi spontanément mis en garde contre la tentation de «cléricaliser» les laïcs. Une situation qu’il observe dans de nombreux diocèses qui consiste à considérer un laïc «merveilleux» parce qu’il sait tout faire, et donc d’en faire un diacre. «Non, qu’il continue à être laïc», a appuyé le pape en soupirant. Cette tentation de la cléricalisation s’observe encore chez les diacres, a-t-il poursuivi.
Des femmes au poste de préfet du Secrétariat pour l’économie ?
Par ailleurs, le pape a salué la présence de deux sous-secrétaires femme au sein de ce dicastère, Linda Ghisoni et Gabriella Gambino. «Deux, c’est peu», il s’agit «d’aller de l’avant», a-t-il estimé. Selon lui, les femmes doivent à présent accéder à des postes de conseil et de gouvernement au sein de l’Eglise. Ces changements doivent se faire «sans peur». D’ailleurs, a confié le 266e pontife, deux femmes figuraient sur la liste finale pour accéder au poste de préfet du Secrétariat pour l’économie du Vatican, une charge finalement confiée à un jésuite espagnol.
Il s’agit cependant de garder à l’esprit que le rôle de la femme au sein de l’Eglise va au-delà de la «fonctionnalité», a-t-il mis en garde. En effet, la mission de la femme va plus loin et l’Eglise se doit de travailler sur ce point. Les femmes apportent une autre musique, un autre mode de pensée, a encore pointé le pape argentin. Le terme «Eglise» est d’ailleurs au féminin et l’Eglise est mère et épouse, a-t-il rappelé: il s’agit donc d’avancer en travaillant à ouvrir ce nouvel horizon.
Etre des «témoins» du Christ dans la vie privée comme publique
Le pape a également mis en garde les membres de ce dicastère: ils ne doivent pas s’apparenter à des «ingénieurs sociaux» mettant en place des stratégies dans le but de diffuser une «idéologie religieuse» parmi les laïcs. Leur rôle est au contraire de leur faire prendre conscience de leur mission: être des «témoins» du Christ dans leur vie privée comme publique. Les laïcs sont en effet appelés à être des signes visibles de sa présence dans le monde. De même, l’Eglise ne devrait pas avoir peur de confier aux laïcs eux-mêmes l’accompagnement d’autres laïcs dans la vie spirituelle.
Les membres de ce dicastère doivent surtout «entendre le cœur de l’Eglise». Au-delà des différents mouvements, des diocèses ou encore des écoles théologiques, il s’agit de penser une Eglise universelle. Le pape les a ainsi invités à s’immerger dans la vie de ces chrétiens vivant parfois dans des régions reculées, n’ayant pas d’opportunité de formation et de croissance. Le dicastère est donc invité à réfléchir à la manière d’aider ces Eglises locales. (cath.ch/imedia/cg/be)