Le pape François rend hommage au rôle joué par la femme paraguayenne

Asuncion, 11.07.15 (cath.ch-apic) A son arrivée à Asuncion, au Paraguay, dernière étape de son voyage en Amérique latine, dans la soirée du 10 juillet 2015, le pape François a rendu hommage au rôle joué par la «femme paraguayenne» après la guerre de la Triple alliance (1865-1870) qui opposa le pays au Brésil, à l’Argentine et à l’Uruguay. Lors d’une rencontre avec les autorités et le corps diplomatique, dans les jardins du Palais présidentiel, le pape a également encouragé les autorités publiques à abandonner toute option partisane, et à militer contre la corruption.

En fin d’après-midi, à peine atterri sur le sol du Paraguay, à l’aéroport international Viru, le pape François a assisté à une chorégraphie sur l’histoire, la culture et la spiritualité du Paraguay, mêlant des danseuses vêtues de robes colorées de l’époque coloniale, des danseurs en sombreros et foulards rouges, ainsi que la Vierge de Caacupé, le Christ et le premier saint paraguayen, le jésuite Roche González de Santa Cruz. Le pontife a ensuite béni les plaques commémoratives de la visite de Jean-Paul II dans le pays en 1988. Alors qu’il se rapprochait pour saluer un important chœur d’enfants, plusieurs d’entre eux se sont littéralement jetés dans ses bras.

Peu après, le pape a regagné le Palais de Lopez pour une rencontre privée avec le président du Paraguay Horacio Cartes. C’est là, dans les jardins de la résidence présidentielle, qu’il a prononcé son premier discours devant les autorités et le corps diplomatique. Soulignant les périodes de guerre vécues par le Paraguay, le pape a souhaité «reconnaître avec émotion et admiration le rôle joué par la femme paraguayenne en ces moments dramatiques de l’histoire». «Sur leurs épaules de mères, d’épouses et de veuves, a-t-il souligné, elles ont porté la plus grande charge, ont su faire avancer leurs familles et leur pays».

Comme il l’a déjà fait à deux reprises depuis son élection, le pape faisait référence au rôle des femmes après à la guerre de la Triple alliance qui opposa le Paraguay à la coalition du Brésil, de l’Argentine et du l’Uruguay, de 1865 à 1870. Après cette guerre, plus de la moitié de la population du Paraguay fut décimée, laissant 29 000 hommes pour 120 000 femmes en âge de procréer. Pour repeupler le pays, une polygamie de fait et presque de droit devint la règle. Les séquelles de cette pratique se font encore sentir aujourd’hui, alors que seuls trois enfants sur dix sont reconnus par leur père.

Lutter contre la corruption

Soulignant les aspects positifs de la Constitution du pays, le pape a cependant conseillé de décanter dans l’amour de la patrie et du peuple toute option partisane ou idéologique. Et le pape d’encourager à des gestions transparentes, qui militent avec acharnement contre la corruption, et le trafic de drogue. Le pape a particulièrement mentionné à cette occasion l’attention aux paysans sans des terres à cultiver, alors que 80% des terres du Paraguay sont entre les mains de 2% des grands producteurs de soja transgénique. Un développement économique qui ne tient pas compte des plus faibles et des défavorisés, a-t-il insisté, n’est pas un vrai développement.

Depuis son élection en août 2013, le président Horacio Cartes s’est engagé dans la lutte contre la corruption. Mais cet entrepreneur millionnaire, propriétaire du groupe Cartes qui regroupe une vingtaine d’entreprises, et du club de foot populaire Libertad, a lui-même été accusé d’être lié à la contrebande, au blanchiment d’argent et au trafic de drogue.

Le pape a également mentionné ses frères paraguayens, migrants qu’il avait lui-même accueillis en Argentine alors qu’il était archevêque de Buenos Aires. Pour clore cette rencontre formelle, le pape François a été invité à écouter des musiques de l’époque des réductions jésuites au Paraguay (1609-1763). Ayant notamment découvert les capacités musicales du peuple guarani, les jésuites leur avaient appris la musique baroque, et composé de nombreuses pièces pour eux. (apic/imedia/bl/mp)