Le pape François rencontre les évêques du Venezuela

Les dirigeants au pouvoir au Venezuela «se servent eux-mêmes et non le peuple», ont estimé les évêques du pays devant le pape François le 11 septembre 2018, selon Mgr José Luis Azuaje Ayala, président de la Conférence des évêques du Venezuela (CEV).

L’épiscopat vénézuélien est présent à Rome du 6 au 15 septembre à l’occasion de sa visite ad limina, la première depuis neuf ans. Pour cette occasion, le pape François a consacré un long moment – près de 2h30 – aux 46 évêques de ce pays marqué par une profonde crise économique et politique. Cette audience, a expliqué Mgr Azuaje Ayala, n’a pas pris la forme d’un discours, mais d’un dialogue entre tous.

Avec le successeur de Pierre, les évêques du Venezuela ont évoqué les «nombreux manquements» à la démocratie dans leur pays. «le problème fondamental, a souligné Mgr Azuaje Ayala, est que quand les systèmes politiques se font puissants, ils se servent eux-mêmes et non le peuple. C’est ce dont nous souffrons aujourd’hui». Bien conscient de la situation selon le prélat, le pape François a écouté, avec une «affection immense pour le peuple» vénézuélien.

La situation carcérale dans le pays a également été évoquée pendant les échanges. Le 8 septembre, le président de l’Assemblée nationale vénézuélienne avait remis au pape une liste de 349 «prisonniers politiques». Pour Mgr Azuaje Ayala, l’évêque de Rome a une préoccupation devant les nouvelles rapportant beaucoup de répression. La liste des «prisonniers politiques» n’a toutefois pas été formellement abordée avec les prélats, car la rencontre entre le pontife et le président de l’Assemblée nationale était privée.

La question de l’immigration

Le pape a pour sa part insisté sur la nécessité de maintenir la proximité avec le peuple et particulièrement avec ceux qui sont les plus affectés par la crise, a indiqué le président de la CEV. Pour ce dernier, les diocèses doivent donc faire tout leur possible pour un développement humain durable des habitants du pays latino-américain, conditionné en particulier par la liberté.

Face à la crise, de nombreux Vénézuéliens ont émigré, une problématique également abordée par les évêques réunis autour du pape. Ils lui ont ainsi exprimé leur espérance pour le projet ›Ponts de solidarité’ qui vise à favoriser l’accompagnement pastoral des nationaux désormais présents dans d’autres pays d’Amérique du Sud. Ce projet, soutenu par le Saint-Siège, avait été présenté au Vatican le 7 mai dernier. Rien qu’en 2017, environ 1,7 million d’habitants ont fui le Venezuela.

Par ailleurs, les membres de la CEV ont tenu à assurer le pape argentin de leur solidarité, leur appui fraternel pour la rénovation de l’Eglise. (cath.ch/imedia/xln/mp)