Le pape François remercie le père de la théologie de la libération
Le pape François a rendu hommage au Père Gustavo Gutiérrez, un des fondateurs de la théologie de la libération, pour sa contribution à l’Eglise et son amour préférentiel pour les pauvres, a rapporté le quotidien péruvien La República le 6 juin 2018.
Dans un message rédigé le 28 mai pour les 90 ans du prêtre péruvien, le pontife remercie le religieux pour sa façon d’interroger la conscience de chacun sur le drame de la pauvreté. Le successeur de Pierre l’invite à continuer dans sa prière et dans son service aux autres en offrant un témoignage de la joie de l’Evangile.
Né en 1928, le Père Gustavo Gutiérrez s’est formé en Europe: il a étudié à l’université catholique de Louvain, en Belgique, ainsi qu’à celle de Lyon, en France, avant d’exercer son ministère dans une paroisse pauvre de Lima, la capitale du Pérou.
Il est le premier avoir employé le terme de «théologie de la libération», lors du congrès du Conseil épiscopal latino-américain à Medellín, en Colombie en 1968. Cette théologie prône la libération des plus pauvres par une amélioration de leurs conditions de vie, et pose une option préférentielle pour les démunis au sein de l’Eglise. Son livre «Théologie de la libération» publié en 1971 sera traduit dans de nombreuses langues.
Ce courant théologique est devenu influent surtout au Brésil, au Pérou, au Chili et en Amérique centrale notamment autour des figures de Gustavo Gutiérrez, Leonardo Boff et Jon Sobrino.
«Marxisme déguisé»
En 1984, la Congrégation pour la doctrine de la foi avait porté son analyse sur cette théologie, sous la houlette du cardinal Joseph Ratzinger. Son jugement distinguait plusieurs théologies de la libération, selon qu’elles s’inspirent ou non de la grille d’analyse marxiste. De nombreux théologiens avaient lors été accusés de présenter «un marxisme déguisé ayant pour objectif de faire du christianisme un facteur de mobilisation au service de la révolution».
Dans une biographie sur la période argentine du pape François, François le réformateur (éd. Emmanuel), le journaliste Austin Ivereigh affirme pour sa part que dans les années 1990, le Père Gustavo Gutiérrez avait accepté que la «force historique» des pauvres passe par la culture et la foi plutôt que par la seule lutte politique.
En 2015, le religieux, devenu dominicain, avait estimé, lors de la 20e assemblée générale de Caritas Internationalis, que le «climat» avait changé dans l’Eglise concernant l’option préférentielle pour les pauvres, et ce depuis l’élection du pape François. (cath.ch/imedia/ap/mp)