Le pape François reçoit l'Eglise gréco-catholique de Roumanie
Devenirs des «bergers du peuple» et non pas des «clercs d’État»: c’est la ligne rappelé par le pape François aux étudiants du collège Pio Romeno – le collège pontifical roumain -, reçus au Vatican le 19 mai 2022 à l’occasion du 85e anniversaire de cette institution qui forme les cadres de l’Église gréco-catholique roumaine.
Le pape François, qui s’était rendu en Roumanie en 2019, a rappelé l’héritage des persécutions de la période communiste et il a invité les nouvelles générations à donner, elles aussi, leur vie pour l’Évangile. L’Eglise gréco-catholique de Roumanie, qui s’est reconstituée après la chute du communisme, compte actuellement environ 740’000 membres. Cette statistique inclut la diaspora, qui dispose notamment d’un diocèse aux États-Unis, l’éparchie de Saint-Georges de Canton, dans l’Ohio. En France, les gréco-catholiques roumains ne disposent pas d’une hiérarchie spécifique, leur ordinaire est l’archevêque de Paris.
Le pape a rappelé que lors sa visite en Roumanie, en 2019, il avait encouragé les gréco-catholiques à «résister aux nouvelles idéologies qui cherchent à s’imposer et à les déraciner, parfois sournoisement, de leurs traditions religieuses et culturelles». La béatification de sept évêques martyrs, lors d’une Divine Liturgie célébrée à Blaj, le principal foyer des gréco-catholiques de Roumanie, avait été l’occasion de remettre en lumière le courage de cette Église théoriquement liquidée par le régime communiste, mais qui avait maintenu une existence clandestine et une certaine continuité hiérarchique et sacramentelle.
Hommage aux martyrs
Le pape François a rendu hommage à Mgr Ioan Ploscaru (1911-1998), un évêque qui avait été emprisonné durant 15 ans, et qui avait écrit qu’il considérait comme «une grâce de pouvoir offrir à Dieu ses souffrances et le témoignage de sa foi, même au prix de sa vie». «Ceux qui donnent leur vie pour l’Évangile pensent ainsi, embrassent la réponse de Dieu au mal du monde : ils se livrent, ils imitent l’amour doux et gratuit du Seigneur Jésus, qui s’offre pour ceux qui sont proches et lointains», a expliqué le pape François.
L’évêque de Rome a aussi souligné la fidélité de l’un des derniers témoins de cette époque de clandestinité, le cardinal Lucian Mureşan, l’actuel chef de l’Eglise gréco-catholique de Roumanie, «qui aura 91 ans dans quelques jours», a-t-il rappelé. Il a salué ses «années de service dans le sacerdoce, qui ont commencé il y a presque soixante ans dans un humble sous-sol, après que les évêques survivants aient été libérés de prison». Le pape a salué ces «pasteurs pauvres en choses, mais riches de l’Évangile», et il a invité les générations actuelles et futures de prêtres à s’en inspirer.
Il les a invités à «toucher la chair du Christ, présente dans les pauvres, les malades, les souffrants, les petits et les simples, dans ceux qui souffrent et dans lesquels Jésus est présent» a insisté François, évoquant aussi «les nombreux réfugiés de l’Ukraine voisine que la Roumanie accueille et aide également».
L’évêque de Rome a salué également la présence des étudiants arabophones de l’ancien collège St Ephrem, qui ont fusionné leur communauté avec celle du Collège pontifical roumain. Le pape a expliqué que «les collèges nationaux, orientaux et latins, doivent être des laboratoires de communion fraternelle», où l’on fait «l’expérience de l’authentique catholicité, de l’universalité de l’Église, afin de ne pas se laisser aspirer par les particularismes qui entravent l’évangélisation». (cath.ch/imedia/cv/mp)