Le pape François réaffirme l'option préférentielle de l'Eglise pour les derniers
El Alto, 09.07.15 (cath.ch-apic) C’est avec un atterrissage spectaculaire au milieu des Andes que le pape François est arrivé en Bolivie, le 8 juillet 2015 en fin d’après-midi, deuxième étape de son voyage en Amérique latine. Dans le plus haut aéroport du monde, à El Alto, à plus de 4000 mètres d’altitude, par un froid vif, le pape François a été reçu par le président indigène du pays, Evo Morales. Il a insisté sur l’option préférentielle et évangélique de l’Eglise pour les derniers. Le pape a mis en garde contre l’abondance de certains qui se construit sur les manques des autres.
Dans le plus haut aéroport de monde, dans un paysage lunaire au milieu des glaciers enneigés des Andes, le pape François a été salué par le président Evo Morales puis par la garde andine, ainsi qu’une délégation de jeunes gens vêtus en habit traditionnel et représentant les différentes ethnies de Bolivie. Pour son premier discours sur le sol bolivien, le pape a été invité à monter sur un podium semblable à un autel, placé devant une façade d’église factice avec des vitraux illuminés. Des dizaines de milliers de Boliviens étaient également présents pour accueillir le pape argentin, malgré le froid.
Le pape des pauvres
A son arrivée dans le pays le plus pauvre d’Amérique latine, le pape François a notamment averti contre le risque que «l’abondance de certains se construise sur les manques des autres». Des propos qui ont leur importance dans un pays où l’écart entre riches et pauvres se creuse. Le pape a également mis en garde, dans une improvisation, contre les gouvernements qui mettent au centre de leur vie économique le Dieu argent et rejettent les jeunes ou les personnes âgées. Et d’insister sur l’attention de l’Eglise pour les rejetés, les exclus. «C’est cela, l’option préférentielle pour les derniers !» a-t-il lancé sous de vifs applaudissements, dans une référence à «l’option préférentielle pour les pauvres», expression issue du courant de la Théologie de la libération. Dans son discours, le président Morales a quant à lui qualifié le pape François de «pape des pauvres».
Diversité ethnoculturelle
Le pape a aussi reconnu les avancées de la Constitution bolivienne, votée par référendum en janvier 2009, et qui fait de la Bolivie un Etat plurinational, laïc, où le catholicisme n’est désormais plus religion d’Etat. Toutes les religions – dont un grand nombre de religions andines – sont reconnues mais aucune ne doit être privilégiée. Cette Constitution, a souligné le pape, reconnaît les droits des individus, des minorités, de l’environnement. Cependant, «au-delà de la transparence institutionnelle, a-t-il averti, la cohésion sociale demande un effort dans l’éducation des citoyens.
Enfin, le chef de l’Eglise catholique a aussi salué la réalité culturelle et ethnique bigarrée du pays, mêlant peuples autochtones millénaires et peuples autochtones contemporains, ainsi que la coexistence de l’espagnol, avec 36 autres langues autochtones. Une diversité culturelle qui constitue un appel permanent au respect mutuel et au dialogue, a-t-il souligné.
Le martyre de Luis Espinal
Vêtu d’un poncho blanc, au cours de son transfert vers La Paz, capitale administrative du pays, 10 kilomètres plus bas, le pape s’est arrêté quelques minutes devant le lieu où fut assassiné, en mars 1980, le jésuite espagnol Luis Espinal, sous la dictature de Luis Garcia Meza. «Notre frère fut victime d’intérêts, car il luttait pour la liberté de la Bolivie», a commenté le pape devant une foule massive de fidèles vêtus chaudement, avant de le qualifier de vrai prédicateur de l’Evangile. Après quoi le pape a invité à une minute de prière silencieuse en sa mémoire. A cause du risque du mal de montagne, le pape argentin, qui n’a qu’un seul poumon, ne devait rester que quatre heures à La Paz, située à 3600 mètres d’altitude, avant de s’envoler de nouveau pour Santa Cruz, dans la Bolivie orientale. (apic/imedia/bl/mp)