Le pape aux jeunes Kenyans : «Ne goûtez pas à la corruption»

Le pape François a rencontré quelque 50’000 jeunes Kenyans enthousiastes dans le stade Kasarani de Nairobi, le 27 novembre 2015, au troisième et dernier jour de sa visite. Dans un pays gangrené par la corruption, le pontife a appelé les jeunes à ne pas goûter à cette réalité qui semble douce et facile, mais qui détruit tout et que l’on trouve partout, y compris au Vatican. Le pape a également mis en avant l’éducation et le travail comme remparts au fondamentalisme des jeunes.

En provenance du bidonville de Kangemi, le pape François a été accueilli par la foule rassemblée dans le stade de Nairobi dans une ambiance festive, avec des cris de joie. Devant les jeunes, le pape a longuement improvisé dans sa langue maternelle, traduit par un prélat de la Secrétairerie d’Etat. Il a souhaité ainsi répondre aux questions posées auparavant par deux jeunes Kenyans, en particulier sur la corruption qui touche le pays, les conséquences du tribalisme, ou encore l’enrôlement de certains jeunes dans des groupes radicaux.

Si «la corruption est partout, dans toutes les institutions, y compris au Vatican», le pape a mis en garde devant cette tentation douce et facile, mais qui, a-t-il prévenu, détruit tout et rend diabétiques. «Ne prenez pas goût à cette chose sucrée qui s’appelle corruption», a lancé le pape aux jeunes, salué par de nombreux applaudissements. «Les personnes corrompues, a-t-il encore assuré, ne vivent pas en paix».

A la veille de l’arrivée du pape, le président kenyan avait annoncé un remaniement visant à écarter cinq personnalités impliquées dans d’immenses scandales de corruption touchant leurs ministères. Dans l’indice de perception de la corruption 2014 de l’ONG Transparency International, le Kenya est classé 145e sur 174 pays. En juillet dernier, un rapport du contrôleur général du Kenya avait jeté une lumière crue sur l’ampleur de la corruption qui gangrène le pays : à peine 1 % des dépenses du gouvernement y répondent aux règles comptables.

Les jeunes fondamentalistes

Interpellé par ailleurs sur les conflits entre ethnies, fréquents dans l’histoire du Kenya, le pape a soutenu que le tribalisme détruit une nation. Assurant que le tribalisme se vainc seulement avec les oreilles, le cœur et la main, il a invité l’ensemble des jeunes présents dans les tribunes du stade à se lever et à se tenir les mains, en signe de refus des conflits interethniques.

Dans un pays frappé plusieurs fois par les attaques meurtrières des islamistes du groupe somalien des Shebab, le pape s’est également arrêtésur les raisons qui poussent un jeune à s’enrôler dans de tels groupes. «La première chose à éviter pour qu’ils ne soient pas recrutés ou ne s’enrôlent pas, c’est l’éducation et le travail», a encore confié le pape qui, par ailleurs, a demandé aux jeunes de cultiver les valeurs familiales : «Défendez la famille, défendez-la toujours», a-t-il lancé avant de réciter la prière du Notre-Père en anglais avec l’ensemble du stade.

Le pape François
27 novembre 2015 | 12:15
par Maurice Page
Temps de lecture : env. 2  min.
Corruption (91), Kenya (119), Voyages du pape (545)
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