Le pape fait inscrire dans le Catéchisme que la peine de mort est «inadmissible»
Le pape François a demandé à la Congrégation pour la doctrine de la foi d’inscrire dans le Cathéchisme de l»«Eglise catholique (CEC) que la peine de mort est une mesure «inadmissible car elle blesse l’inviolabilité et la dignité de la personne», a annoncé le Saint-Siège le 2 août 2018.
Jusqu»«à présent, l»«Eglise reconnaissait au n.2267 du CEC de 1992 que la peine de mort n’était pas exclue en cas de certitude et si celle-ci était «l’unique moyen praticable pour protéger» des personnes innocentes du criminel. Ces «cas d’absolue nécessité» justifiant la peine capitale, spécifiait le CEC, «sont désormais très rares, sinon même pratiquement inexistants».
Engagement à l’abolition universelle de la peine de mort
Un rescrit voulu par le pape François vient donc modifier ce n.2267. La peine de mort devient «»inadmissible car elle blesse l’inviolabilité et la dignité de la personne»«. L»«Eglise s»«engage ainsi «»de façon déterminée»« à abolir la peine de mort «»partout dans le monde»«.
«»Même après avoir commis des crimes très graves»«, explique le rescrit, «»la personne ne perd pas sa dignit黫. De même, «»des systèmes de détention plus efficaces pour garantir la sécurité à laquelle les citoyens ont droit»« ont été mis au point. Ceux-ci, salue la nouvelle formulation, «»n’enlèvent pas définitivement au coupable la possibilité de se repentir»«.
A noter, la traduction de travail proposée par le Saint-Siège de la nouvelle formulation en français du n.2267 du CEC contient une erreur: la peine de mort n’est pas déclarée «inadmissible» mais «inhumaine».
La peine de mort empêche le «rachat moral et existentiel»
Cette modification du CEC répond à une volonté émise par le pape François en octobre dernier. Il avait alors demandé d’inscrire dans le CEC l’opposition catégorique de la peine de mort qui supprime une vie humaine, «»toujours sacrée aux yeux du Créateur» et empêche la possibilité d’un «rachat moral et existentiel».
Demander cette interdiction n»«entre pas en contradiction avec l’enseignement passé de l’Eglise, avait également souligné le pontife, car la dignité de la personne humaine de sa conception à sa fin naturelle a toujours été enseignée par le Magistère. Et la doctrine doit selon lui progresser, avec «»l’évolution de conscience du peuple de Dieu»«.
Avant le pape argentin, ses prédécesseurs s’étaient déjà opposés à la peine de mort, sans pour autant proposer d’inscrire cette opposition dans le Cathéchisme de l»«Eglise catholique. Ainsi, en 1999, Jean Paul II (1978-2005) avait lancé un «»appel à tous les responsables afin que l’on parvienne à un consensus sur l’abolition de la peine de mort»«. En 2011, Benoît XVI avait lui aussi appelé à la concertation de tous pour «»arriver à l’élimination de la peine capitale»«.
La nouvelle formulation «ne contredit pas les enseignements antérieurs»
En même temps que le rescrit déclarant la peine de mort «inadmissible», le Saint-Siège a publié le 2 août 2018 une lettre aux évêques du cardinal Luis Ladaria Ferrer, préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, expliquant pourquoi cette formulation «ne contredit pas les enseignements antérieurs» du Magistère.
Selon le ‘gardien de la doctrine’, il y a eu «une opposition croissante» à la peine de mort dans l’enseignement des prêtres et évêques. Ainsi, les papes successifs – et en particulier Jean Paul II dans l’encyclique Evangelium vitae (1995) – ont mis en évidence que la personne conservait toujours sa dignité, même après avoir commis des crimes très graves.
De plus, estime le haut prélat, les systèmes pénaux modernes doivent «tendre avant tout à la réhabilitation et à la réintégration sociale» des criminels – ce qui est donc incompatible avec l’exécution. De même, les systèmes carcéraux actuels sont plus efficaces et le recours à la suppression de la vie du coupable n’est donc plus nécessaire pour protéger les autres.
Grâce à ces nouvelles données, reconnaître désormais que la peine de mort est «inadmissible», affirme le cardinal, «ne contredit pas les enseignements antérieurs». Il s’agit au contraire d’un développement cohérent de la doctrine. Jusqu’à présent, le Catéchisme de l’Eglise catholique stipulait que le recours à la peine capitale n’était justifié que si c’était «l’unique moyen praticable pour protéger efficacement». Des cas dorénavant «rares, sinon même pratiquement inexistants».
Le temps de la conversion
La nouvelle formulation, souligne par ailleurs le cardinal Ladaria, explique que cette prise de conscience du caractère «inadmissible» de la peine de mort s’est développée «à la lumière de l’Evangile». Pour le préfet de dicastère, la Bonne Nouvelle permet en effet de comprendre que le Seigneur «nous invite aussi à la miséricorde et à la patience» et qu’Il «donne à chacun le temps de se convertir».
Avec cette modification du Catéchisme, poursuit le cardinal espagnol, l’Eglise veut un engagement décisif pour un dialogue respectueux et serein avec les autorités politiques. L’Eglise appelle donc à créer les conditions qui permettent d’éliminer totalement la peine de mort.
Cette lettre, signée du cardinal Ladaria et de Mgr Giacomo Morandi, secrétaire de la Congrégation, a été lue et approuvée par le pape François qui en a ordonné la publication. (cath.ch/imedia/pad/xln/rz)