Le pape et le président d’Israël évoquent la reprise des «négociations directes» de paix avec la Palestine
Rome, 03.09.2015 (cath.ch-apic) La reprise de «négociations directes» de paix entre la Palestine et Israël, ainsi que le statut des écoles chrétiennes dans le pays, ont été particulièrement évoquées, le 3 septembre 2015, lors de la rencontre entre le pape François et le président israélien Reuven Rivlin. Le chef d’Etat s’est entretenu pendant une demi-heure avec le pape François avant de rencontrer les plus hauts responsables de la diplomatie pontificale.
Après s’être entretenu avec le pape François, Reuven Rivlin a rencontré le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’Etat du Saint-Siège, et Mgr Paul Gallagher, secrétaire pour les relations avec les Etats. Au cours de ces entretiens, il a notamment été question du conflit vieux de plus d’un demi-siècle entre Israël et la Palestine. Les discussions, a rapporté par la suite le Saint-Siège dans un communiqué, ont mis en avant «l’urgence de promouvoir un climat de confiance entre Israéliens et Palestiniens, et de relancer les négociations directes pour trouver un accord respectueux des légitimes aspirations des deux peuples, comme contribution fondamentale à la paix et à la stabilité de la région».
Un accord bilatéral signé en juin dernier entre le Saint-Siège et la Palestine, reconnaissant clairement «l’Etat de Palestine», avait été très mal accueilli par Israël. Un membre du ministère des Affaires étrangères israélien avait ainsi affirmé que cet accord mettait en péril les négociations de paix entre son pays et la Palestine. Le cardinal Parolin avait dû réagir en affirmant que cet accord souhaitait au contraire promouvoir «une paix durable à travers la solution de deux Etats».
Chrétiens d’Israël
Les parties ont aussi évoqué des sujets concernant «les autorités étatiques et les communautés catholiques locales», en souhaitant «une solution adéquate de certaines questions d’intérêt commun». Fait rare, le communiqué du Saint-Siège, qui reste souvent très vague lors de visites de chefs d’Etat, a précisé l’un des sujets concrets abordés: «la situation des écoles chrétiennes dans le pays». Depuis le 1er septembre, les écoles chrétiennes d’Israël ont en effet entamé une grève illimitée pour protester contre les restrictions budgétaires imposées depuis plusieurs années par Jérusalem. Plusieurs écoles sont ainsi menacées de fermeture. Ces établissements accueillent quelque 30’000 élèves, chrétiens et musulmans.
Un autre sujet fort polémique concerne le mur de séparation dans la vallée de Crémisan, à Jérusalem. Le 17 août dernier, des bulldozers israéliens sont arrivés dans cette vallée palestinienne et ont repris la construction d’un mur de séparation qui fait l’objet d’une farouche résistance de la communauté chrétienne palestinienne qui y habite et y cultive des vignobles. En février dernier, des maires des villes de Bethléem, Beit Jala et Beit Sahour s’étaient entretenus en privé avec le cardinal Pietro Parolin, pour l’alerter sur le sujet, craignant un futur exil des chrétiens.
Accord bilatéral et chrétiens d’Orient
Les différentes parties ont également souhaité une «conclusion rapide de l’Accord bilatéral en cours d’élaboration» entre le Saint-Siège et Israël. Cet accord économique est discuté depuis deux décennies avec Israël et concerne en particulier les propriétés de l’Eglise et les régimes fiscaux.
Il a enfin été question des divers conflits touchant le Moyen-Orient, avec une «attention particulière à la situation des chrétiens et d’autres groupes minoritaires». Sur ce sujet, l’importance du dialogue interreligieux a été soulignée, ainsi que la responsabilité des leaders religieux dans la promotion de la réconciliation et de la paix.
Première rencontre entre les deux personnalités
Le président israélien Reuven Rivlin était arrivé au Vatican avec son épouse et une délégation de 14 personnes. Reuven Rivlin a offert au pape François une reproduction d’une stèle en basalte avec la première mention du nom de David en dehors de la Bible. «J’ai pensé qu’il serait juste que vous ayez ce cadeau pour vous rappeler les origines communes entre christianisme et judaïsme», a expliqué le président au chef de l’Eglise catholique. «Paix à Jérusalem», lui a répondu le pape, avant de lui offrir un médaillon inédit représentant une roche scindée en deux, dont un rameau d’olivier s’échappe de la faille et joint les deux parties. Avant de partir, Reuven Rivlin a lancé au pape, en anglais: «A bientôt en Israël» en guise d’invitation.
Il s’agissait de la première rencontre entre pape François et le président d’Israël élu en juin 2014, quelques jours après la visite du pontife dans le pays. Membre du Likoud, parti sioniste de tendance nationaliste, Reuven Rivlin s’était déclaré partisan d’un «Grand Israël». Il se démarque ainsi de son prédécesseur Shimon Peres qui avait plaidé pour la création d’un Etat palestinien, également défendue par le Saint-Siège.
En mai 2009, alors président de la Knesset (Parlement israélien), Reuven Rivlin avait refusé de rencontrer Benoît XVI, alors en voyage au mémorial de Yad Vashem, exprimant son «malaise» devant un pape qui avait dans le passé «rejoint la Jeunesse hitlérienne». Des accusations aussitôt démenties par le Vatican. (apic/imedia/bl/rz)