Le pape encourage les évêques slovaques à accueillir les migrants avec «charité»
Rome/Bratislava, 12.11.2015 (cath.ch-apic) Le pape François a encouragé les évêques de Slovaquie à «témoigner de l’accueil du migrant» avec «charité» et «respect de la dignité de la personne humaine», dans un pays fortement opposé à l’accueil des immigrés qui arrivent actuellement du Moyen-Orient. Dans un message remis le 12 novembre 2015 à la quinzaine d’évêques slovaques en visite Ad limina, le pape a aussi encouragé leur engagement en faveur de la famille, sujette à «de nombreux dangers».
Le phénomène des migrations, explique le pape dans ce message, doit être affronté avec sensibilité et sens de la justice. «L’Eglise est appelée à proclamer et à témoigner de l’accueil du migrant dans un esprit de charité et de respect de la dignité de la personne humaine, dans le contexte d’un nécessaire respect de la légalité», a pris soin de souligner le pape. Dans un environnement multiculturel toujours plus étendu, il s’agit «d’assumer des comportements de respect réciproque pour favoriser la rencontre», a-t-il recommandé.
Comme plusieurs nations d’Europe de l’Est, la Slovaquie fait partie des pays de l’Union européenne (UE) les plus hostiles à l’accueil de migrants. Fin septembre, aux côtés de la République tchèque, de la Roumanie et de la Hongrie, la Slovaquie avait voté contre le plan de répartition de 120’000 migrants dans l’UE. Le Premier ministre slovaque Robert Fico avait même annoncé qu’il contesterait en justice cette décision de l’UE de quotas de répartition des migrants.
Que des migrants chrétiens
S’il est «souhaitable que le peuple slovaque maintienne son identité culturelle et le patrimoine de valeurs éthiques et spirituelles, fortement lié à sa tradition catholique», a poursuivi le pape, cela doit être pour contribuer «à un dialogue sincère et fructueux, aussi sur des thématiques d’importance vitale telles que la vie humaine et la fonction essentielle de la famille». Fin août, la Slovaquie se disait prête à accueillir des migrants, mais à condition qu’ils soient chrétiens. Le Premier ministre avait alors déclaré que la Slovaquie, pays chrétien, ne pouvait tolérer l’afflux de 300 ou 400’000 migrants musulmans «qui vont commencer à construire des mosquées partout et essayer de changer la nature, la culture et les valeurs de notre pays». Le pape a aussi demandé à l’épiscopat slovaque d’approfondir la pastorale des Roms, qui continuent de «vivre dans une certaine séparation sociale».
Soutien à la famille
Il a par ailleurs salué l’engagement des évêques «en faveur de la famille, qui affronte de nombreuses difficultés et est sujette à de nombreux dangers». Il les a encouragés à promouvoir une pastorale familiale intégrale au niveau diocésain et national, qui inclue un accompagnement adéquat des familles, aussi celles non complètes, surtout s’il y a des enfants. Il a enfin invité à valoriser les jeunes, qui, «en dépit des nombreuses séductions qui invitent à l’hédonisme, à la médiocrité et au succès immédiat, (…) ne se laissent pas effrayer facilement par les difficultés». Ces jeunes, a souligné le pape, ont cependant besoin «d’indications morales et doctrinales claires».
En Slovaquie, 80% des près de 5,4 millions d’habitants se déclarent chrétiens et 70% catholiques. En février dernier, un référendum visant à renforcer l’interdiction constitutionnelle du mariage homosexuel avait obtenu plus de 90% de oui, mais avait été déclaré invalide en raison du faible taux de participation. Le référendum abordait aussi la question de l’adoption d’enfants par des couples de même sexe et le droit pour les parents de refuser que leurs enfants assistent aux cours d’éducation sexuelle s’ils n’approuvaient pas leur contenu. (apic/imedia/bl/rz)