Le pape écrit au Parti populaire européen

Depuis sa chambre à la polyclinique Gemelli où il est hospitalisé depuis le 7 juin 2023, le pape François partage ses réflexions pour «une Europe unie», dans un message adressé au Parti populaire européen (PPE) – dirigé par l’Allemand Manfred Weber. Le pontife exhorte le PPE à «bien soigner la relation entre les citoyens et les parlementaires».

Empêché par son opération pour une hernie intestinale, le pape aurait dû recevoir au Vatican les membres de ce parti majoritaire au Parlement européen, qui a organisé le 8 juin à Rome un congrès intitulé «Avec les valeurs chrétiennes au centre: la classe dirigeante pour l’Europe d’aujourd’hui et de demain».

Dans ce message signé le 9 juin – jour de l’audience prévue –, le pape, qui a visité le siège du Parlement européen à Strasbourg en novembre 2014, exhorte le PPE à «bien soigner la relation entre les citoyens et les parlementaires». Il souligne que si cette relation est difficile au niveau des pays, elle l’est «à plus forte raison pour le Parlement européen, qui est encore plus ‘lointain’».

Le pontife engage ce parti démocrate chrétien, proche du parti berlusconien Forza Italia, à pratiquer le «pluralisme» en son sein. Il appelle aussi à l’unité sur «certaines questions où sont en jeu les valeurs éthiques premières», en refusant «les solutions opportunistes» et en «tenant fermement les critères de la dignité de la personne et du bien commun».

Élargissant son propos à tout le continent, le pape appelle de ses vœux «une Europe qui tienne ensemble l’unité et la diversité», en valorisant à la fois les diverses cultures qui la composent et sa cohérence interne. Pour ce faire, ajoute-t-il, il faut qu’il y ait «une forte inspiration, une ‘âme’, […] des rêves, [..] des valeurs élevées et une vision politique élevée». 

Au lendemain d’un grand Meeting sur la fraternité qu’il a encouragé place Saint-Pierre, l’auteur de l’encyclique Fratelli tutti assure que la fraternité «peut être source d’inspiration pour ceux qui veulent aujourd’hui ré-animer l’Europe». Le projet européen, estime encore le pape François, «ne peut être qu’un projet d’ampleur mondiale». 

Pour l’évêque de Rome, ceux qui «vivent le plus l’Europe unie» sont «les jeunes». Chez les étudiants qui suivent des parcours à l’étranger, «l’horizon est européen», constate le pape. Et de glisser: «Pour les jeunes il est désormais normal […] de faire une première partie de ses études dans son pays et de se spécialiser dans un autre. Un peu comme cela se faisait au Moyen-Âge: on étudiait un peu à Padoue, un peu à Paris, un peu à Oxford ou à Heidelberg». 

«Regardons les jeunes, et pensons à une Europe et à un monde qui soient à la hauteur de leurs rêves». Le pontife argentin conclut ainsi son message au PPE, dont est issue l’actuelle présidente du Parlement européen, la Maltaise Roberta Metsola. (cath.ch/imedia/ak/bh)